Il a honni le colonialisme sa vie durant. Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, fait partie de ces morts qui resteront à jamais… vivants. Sa mort survenue mercredi à Paris a suscité moult réactions dont on retiendra pour toujours que le militant communiste et anticolonialiste que fut Henri Alleg a été le premier à dénoncer la torture où excellaient notamment les parachutistes de l'armée française durant leur présence en Algérie. Plusieurs moudjahidine et militants ont tenu à rendre hommage à ce grand militant qui avait dénoncé les actes inhumains et la torture durant la guerre d'Algérie. En France, le président François Hollande est aujourd'hui reconnaissant du «service» rendu par Alleg qui avait relaté dans son livre «La Question» les actes de torture commis durant la guerre d'Algérie et dont lui-même, en sa qualité de fervent défenseur de la cause algérienne, a été victime. «J'apprends la disparition de Henri Alleg. Son livre, «La Question», publié en 1958 aux Editions de Minuit, a alerté notre pays sur la réalité de la torture en Algérie», a en effet souligné le président français dans le message de condoléances qu'il a adressé jeudi dernier aux proches et aux membres de la famille du défunt mort trois jours avant son quatre-vingt- douzième anniversaire. «Toute sa vie, Henri Alleg lutta pour que la vérité soit dite», a encore ajouté le président français, mettant l'accent sur la qualité de son œuvre littéraire et l'excellence de sa carrière de journaliste. «A travers l'ensemble de son œuvre – jusqu'à son dernier livre, «Mémoire algérienne», paru en 2005 – il s'affirma comme un anticolonialiste ardent, dira Hollande. «Ce fut un grand journaliste, d'abord à Alger Républicain, dont il assura la direction, puis à L'Humanité, dont il fut le secrétaire général et où il collabora jusqu'en 1980», ajoutera encore le président français, estimant que toute sa vie, «Alleg est constamment resté fidèle à ses principes et convictions». Dans un article qui lui a été consacré par le quotidien français Le Monde dans son édition de jeudi dernier, son auteur écrit : «Rien, hormis un mental d'acier qui apparaîtra au fil des épreuves, ne prédisposait Henri Alleg à devenir un héros, un mot qui n'était pas dans son vocabulaire». Il est également rappelé dans le même article qu'Henri Alleg a été signataire en 2000 de «l'Appel des douze» pour la reconnaissance par l'Etat français de la torture. Le même quotidien français rapporte également les propos de l'ancienne combattante algérienne Louisette Ighilahriz, qualifiant Alleg «de défenseur de la cause des justes». «Je ressens une grande tristesse car Henri Alleg est mon frère spirituel et mon frère de combat, qui a toujours milité en faveur des causes justes», a indiqué Ighilahriz à qui revient le mérite, rappelle-t-on, de relancer en 2000 le débat sur la torture pendant la guerre d'Algérie.