Une ambiance morose s'est emparée du quotidien des habitants de Boumerdès depuis le début du mois de Ramadhan. La léthargie enveloppe les zones urbaines et rurales alors que quelques jours avant l'arrivée du mois de carême, une ambiance bon enfant était perceptible notamment dans les localités côtières. Celles-ci sont, actuellement, désertées et sont rares ceux qui viennent prendre de l'air durant la journée. Au niveau de la plage de Boumerdès, le décor est désespérant. Tous les commerces sont fermés durant la journée et la route du front est abandonnée par des estivants qui observaient des va-et-vient incessants avant le Ramadhan. Cet endroit préféré des estivants des quatre coins de la wilaya et des régions de l'intérieur du pays s'anime durant la nuit. «Nous ne venons que dans la nuit pour passer un bon moment en famille et puis on regagne notre demeure à Khemis El Khechna», nous dira un chef de famille avant d'ajouter : «L'ambiance est morose en raison des faibles programmes artistiques concoctés par les services concernés.» «A part la plage, il n'y a pas d'endroit où aller», nous dira un jeune homme qui «préfère partir à Alger où les salles de cinéma, de théâtre sont ouvertes». Il est à noter que Boumerdès n'est toujours pas dotée d'une salle de cinéma permettant un tant soit peu d'évasion aux amoureux du 7e Art. Plusieurs salles de cinéma avaient été fermées durant la décennie noire et qui ne sont toujours pas ouvertes au public. De même, des communes qui sont dotées de grandes salles offrent rarement des concerts ou galas artistiques, à l'instar de la ville des Issers qui abrite la plus grande salle de théâtre. Des galas sont organisés ici et là, mais peinent à attirer des spectateurs. Certains évoquent l'absence de sécurité dans ces endroits infestés de gens discourtois. Le constat général est que les villes ne sont pas animées comme il le faut. Les zones rurales qui présentent une grande part de la wilaya sont plongées dans une léthargie angoissante. C'est l'hibernation. Les journées sont longues et les habitants n'y trouvent plus d'endroit où passer le temps. De même, le chef-lieu de ces localités n'est pas doté d'infrastructures pouvant accueillir des activités artistiques ou de divertissement, à l'exemple de la maison de jeunes de Chabet El Ameur. Alors que d'autres localités ne disposent toujours pas de telles structures comme Timzerite. C'est pour cette raison que les villageois préfèrent partir en ville malgré l'absence de moyens de transport. Ceux qui sont véhiculés peuvent s'offrir le luxe de rallier les régions côtières, mais ceux qui n'en disposent pas, préfèrent s'adonner à des parties de dominos ou jouer au loto, un jeu qui continue de drainer des foules nombreuses dans certains villages et hameaux. Certains villages sont plongés dans le noir en raison de l'absence de lampadaires de l'éclairage public notamment à Iouanoughen (Issers) ou Azzouza et Aït El Hadj (Chabet El Ameur). Pour les villageois, le Ramadhan est synonyme, également, de cauchemar, en raison des coupures d'eau qui affectent péniblement leur quotidien. «Comment voulez-vous passer un Ramadhan tranquille alors que l'eau se fait rare et la chaleur atteint des pics souvent inégalés dans ces contrées oubliées par les responsables», s'interrogent des villageois de la commune de Timzerite, une commune perchée à 900 mètres d'altitude. Et d'ajouter : «Nous n'avons pas vu couler l'eau de nos robinets depuis le début du mois de Ramadhan.»