Si Mme Nouara Djaâfar, la porte-parole du RND entend par «il n'y a plus de tensions au RND» qu'il n'y a pas de divergences politiques dans son parti ni en termes de projet, ni en termes de discours, ni en termes de stratégie, on le savait déjà. Elle prêcherait donc des convaincus. Il n'est venu à l'idée de personne de penser qu'il pouvait y avoir une… confrontation d'idées, un choc des écoles philosophiques, voire un affrontement de programmes. Par contre, si elle veut dire par là que depuis qu'Ahmed Ouyahia a quitté son siège de premier responsable du RND, il n'y a plus de raison majeure de se livrer une bataille interne, ça devient beaucoup moins évident. Ce n'est pas parce qu'elle met un rare enthousiasme et une touchante détermination à convaincre son monde que «la crise que nous avons vécue au sein du parti est désormais derrière nous», que c'est réussi. Il n'est pas besoin d'aller chercher très loin la preuve que la paix n'a pas «déroulé». Il y a tout à la maison ! Jusque dans la bouche de Mme Djaâfar qui s'en prend aux sources anonymes qui alimentent la presse sans jamais se dévoiler. Et c'est elle-même qui ne croyait pas si bien dire en précisant que ces «sources» sont dans les rangs du parti ! Il ne pouvait d'ailleurs pas en être autrement. Les partisans d'Ahmed Ouyahia sont toujours là et tout indique qu'ils sont loin d'avoir abdiqué. Quant à ses adversaires, ils sont loin de baigner dans la sérénité. Déjà qu'ils n'ont pas beaucoup jubilé à sa destitution. Leur «score» ayant été très mince dans la mobilisation anti-Ouyahia, ce dernier ayant choisi la voie royale de son retrait et un retour éventuel par la grande porte n'étant pas tout à fait écarté, ils se sont retrouvés dans une posture bien embarrassante. Surtout que Abdelkader Bensalah, qui assure un intérim bien compliqué, n'a jamais donné le moindre signe de rupture avec l'ancien patron. Et il n'y a pas que sa courtoisie consacrée qui l'empêche de s'aligner, il sait que rien ne peut être envisagé dans son parti sans qu'Ahmed Ouyahia, absent-présent dans les rangs, ne soit «calculé». Ce n'est certainement pas le moindre des griefs que retient contre lui Yahia Guidoum, opposant à… Ouyahia devant l'Eternel ! Lui ne se pose pas de questions et va au bout de sa logique. M. Bensalah ne l'a pas encore tout à fait rassuré qu'il ne fait pas du Ouyahia sans Ouyahia. A moins de travailler pour lui succéder. Mais il y a plus périlleux que ça, pour le professeur Guidoum : que Ouyahia revienne et que le président du Sénat, la courtoisie n'empêchant pas la roublardise, tergiverse dans l'attente que se précisent les nouveaux rapports de force. C'est d'ailleurs toute la différence entre le groupe de Guidoum pour qui «Bensalah agit selon un agenda préétabli, a tout verrouillé et fermé le jeu». Traduit en clair, ce propos d'un membre de l'opposition à… Ouyahia semble suggérer : ne maîtrisant pas du tout l'agenda et la feuille de route de M. Bensalah et ne pouvant de ce fait lui faire confiance, un second putsch n'est pas à écarter. C'est le même bonhomme qui le dit en des termes on ne peut plus clairs. Abdelkader Bensalah, lui, n'a pas la réputation de parler en dehors des sentiers battus. C'est donc sans surprise et avec beaucoup d'aplomb qu'il affirme que «l'évolution de la situation au RND poursuit un processus de construction progressif et démocratique. «La porte-parole du parti peut très bien s'en tenir là en disant que tout baigne et qu'on prépare sereinement le congrès. Elle s'est même cru obligée de préciser que toutes les réunions en cours sont «d'ordre technique». Mais ça, on le sait aussi. Ce n'est pas dans les réunions organiques qu'on parlera de choses sérieuses, tout de même !