Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural envisage de reconduire les exonérations des droits de douane et de la TVA sur le maïs et le soja au profit de la filière avicole. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a indiqué jeudi qu'il allait défendre auprès du gouvernement la reconduction de ces exonérations afin de permettre à la filière de se développer. «Les mesures en question seront présentées prochainement au gouvernement», a-t-il déclaré à la presse, en marge de la rencontre regroupant des intervenants à différents niveaux de la filière, membres du comité national interprofessionnel de la filière avicole. Cependant, avertira le ministre, les exonérations seront assorties d'un dispositif de suivi et de contrôle. Des visites inopinées seront effectuées auprès des éleveurs et autres intervenants pour vérifier le respect de l'engagement de ces derniers à développer la filière. Ceux qui ne respecteront pas leur engagement seront sommés de rembourser les montants représentant les exonérations accordées, a-t-il menacé, insistant que le dispositif de contrôle est plutôt une mesure incitative destinée à encourager le professionnalisme au sein de la filière. M. Benaïssa, qui a demandé aux professionnels de l'aviculture de faire le bilan de la mise en application de la charte de la filière conclue en 2012, a relevé que la reconduction des exonérations sur les matières premières doit être répercutée sur toute la chaîne de production jusqu'au consommateur final, surtout que cette mesure a coûté au Trésor public 15 milliards de DA en 2012. Il reconnaît néanmoins qu'«il faut encourager les intervenants de la filière dont la majorité sont des privés» afin de renforcer leurs capacités de production. En 2012, les exonérations ont contribué à augmenter la production des viandes blanches de plus de 30% et une baisse des prix à la consommation de la volaille pendant plusieurs mois. A propos de la date d'application de la reconduction des exonérations, il a noté qu'il s'agit de mesures urgentes qui seront mises en œuvre d'ici septembre avant de les introduire dans la prochaine loi de finances 2014. «Nous avons décidé de procéder par la même méthode qu'en 2012», a-t-il avancé. Grâce aux exonérations, le prix du maïs est passé, en 2012, de 32 000 DA à 25 000 DA la tonne alors que celui du soja a reculé de 5000 DA, passant de 60 000 DA à 55 000 DA la tonne. Les professionnels réclament des primes d'encouragement Pour sa part, Mohamed Laidouni, président du Conseil interprofessionnel de la filière, a annoncé que les membres du comité de la filière avicole étudieront prochainement les avantages que pourra apporter l'instauration d'une prime de productivité, avant de la soumettre sous forme de proposition au ministère de l'Agriculture. Les professionnels avicoles sont favorables également pour la révision à la hausse de la prime de stockage afin d'encourager les propriétaires de chambres froides à adhérer au système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Ils ont signalé, à ce propos, la faible adhésion des abattoirs au système Syrpalac lorsque l'offre était abondante. Sur 15 abattoirs agréés disposant d'importants moyens de stockage, seul deux ont répondu favorablement pour absorber le surplus de production. Afin de les stimuler à intégrer le système de stockage, ils ont proposé une hausse de la prime de stockage de 2,92 DA à 7 DA le kilogramme, que l'Etat devra supporter. Certains intervenants ont plaidé, par contre, de prévoir des primes à différents niveaux, à l'instar de la filière lait. Malgré les efforts de l'Etat qui a prévu des crédits bonifiés, des mesures fiscales et autres dispositions à même de développer la filière, celle-ci demeure sujette à des dysfonctionnements, des résultats insuffisants et des fluctuations des prix sur le marché qui ont atteint 380 DA /kg les deux dernières semaines. La filière est désorganisée, selon les intervenants, qui ont parlé aussi du gaspillage de l'aliment, du manque de professionnalisme et de l'absence de mesures sécurisant les éleveurs en cas de hausse de l'offre. A propos du gaspillage, la production d'un kg de viande blanche nécessite 2,5 kilogrammes d'aliment, ce qui est jugé excessif comparativement aux pays de la région dont l'indice de consommation ne dépasse pas 1,7 kg. M. a reconnu que la filière réalise «des performances médiocres» car beaucoup d'éleveurs ne respectent pas les normes ne travaillent pas selon les normes. La production des viandes blanches a atteint 3,2 millions de quintaux au cours des neuf premiers mois de la campagne agricole (2012/2013) contre 2,62 millions de quintaux lors de la même période de la saison précédente, alors que l'objectif annuel retenu au titre des contrats de performances pour la campagne en cours est de 3,1 millions qx.