Après avoir subi d'«importantes pertes financières», suite à la baisse du quota limité à 20% pour la omra, les agences de voyages préparent un dossier portant sur l'évaluation de ce préjudice et comptent engager un avocat étranger afin de connaître la qualification de cette affaire à soumettre éventuellement à l'arbitrage international. Contacté hier, le vice-président du Syndicat national des agences de voyages (Snav), Lies Senouci, a regretté la «sourde oreille» observée par les autorités algériennes concernées par ce dossier comme le ministère des Affaires religieuses, celui du Tourisme et l'Office du hadj et de la omra. «Nous avons alerté tous les concernés en temps réel mais personne n'a levé le petit doigt pour faire pression sur les autorités saoudiennes comme l'ont fait les autres pays musulmans, à l'image de l'Egypte qui a obtenu son quota intégral», a-t-il déploré, ajoutant avoir été livrés à eux-mêmes. Le syndicat avait alerté le ministère du Tourisme début juin en lui adressant des courriers explicatifs au sujet des pertes subies par les agences suite à la révision des quotas, en vain. Le risque de la faillite plane Ces pertes peuvent dépasser 12 milliards DA. M. Senouci a indiqué que sur un quota annuel de 100 000 à 120 000, entre 60 000 et 80 000 personnes n'ont pu accomplir la omra. Les agences ont payé, depuis trois à quatre mois, au moins 70% du montant des frais hôteliers tandis que d'autres ont payé la totalité de ces frais. Elles ont versé également 30% de la valeur des billets d'avion réservés aux pèlerins auprès des différentes compagnies aériennes desservant l'Arabie saoudite avec lesquelles les agences ont signé des contrats. Conformément à ces contrats, les compagnies aériennes comme Turkish Airlines et Saudia Airlines réclament à présent le versement des montants restants de la valeur des billets réservés, même si le voyage des pèlerins a été annulé. «C'est prévu dans les contrats», s'est désolé M. Senouci, notant que la compagnie nationale Air Algérie n'a pas appliqué les termes du contrat et n'a pas demandé le versement des sommes représentant la valeur des billets. «Les pertes sont colossales. Certaines agences risquent la faillite et sont aussi dans l'incapacité d'honorer leurs engagements avec ces compagnies étrangères qui peuvent les ester en justice pour défaut de payement.» Ni omra ni remboursement Les agences sont confrontées également à leurs clients algériens qui ont payé les frais du voyage et du séjour évalués à une moyenne de 200 000 DA et réclament à présent un remboursement du fait qu'ils n'ont pu accomplir la omra. Certaines agences ont bel et bien remboursé leurs clients tandis que d'autres n'ont pu le faire en raison de leurs difficultés financières. De ce fait, les agences subissent même un préjudice moral en perdant leur notoriété, a-t-il regretté. Les autorités saoudiennes auraient pu informer à temps les agences avant le début de l'opération de préparation de la omra en janvier. Devant cette situation, les agences refusent d'admettre qu'il s'agit de pertes commerciales mais d'une «arnaque» de la part des autorités saoudiennes. «Tout a bien fonctionné, depuis le début de la préparation de la campagne en janvier jusqu'à l'annonce de la révision des quotas en juin», a regretté M. Senouci, admettant avoir entendu des rumeurs à propos de la révision des quotas, mais ne pas avoir cru jusqu'à ce que l'information soit confirmée. A présent, le syndicat réclame «l'implication des institutions censées gérer le hadj et la omra». Ce «drame» incite le syndicat à se demander «quel est le rôle de l'Office et pourquoi les agences n'ont pas été alertées à temps pour revoir le nombre des réservations à la baisse». Les autorités algériennes n'ont même pas réagi aux déclarations de l'ambassadeur saoudien en Algérie qui a traité les agences de voyages de «samassira» (intermédiaires arnaqueurs). Pourtant, les agences ne sont autorisées à exercer qu'après avoir obtenu deux agréments (celui de l'office et celui du ministère du Tourisme). Le syndicat aurait souhaité également que le ministère des Affaires religieuses réagisse pour expliquer à travers les médias lourds notamment que les agences ne sont pas responsables de la révision des quotas de la omra. Suite au préjudice engendré par cette affaire, M. Senouci a réitéré son appel à la tutelle pour créer des sociétés spécialisées en hadj et omra, à l'instar des autres pays musulmans. Ces sociétés doivent se conformer à un cahier des charges draconien, sous peine de retrait de cet agrément renouvelable chaque année.