«parvenir à une initiative permettant un règlement politique de la question du Sahara.» Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, James Baker, après son arrivée hier après-midi à Alger, est attendu aujourd'hui à Tindouf dans le Sud algérien où il rencontrera les représentants du Polisario, après avoir été reçu à Agadir par le souverain marocain. L'émissaire est porteur d'un projet de proposition intermédiaire en vue de trouver une solution pour le Sahara occidental, lequel projet, selon des sources informées, proposera une autre ouverture après l'enterrement définitif de «l'accord-cadre» par la résolution adoptée par le Conseil de sécurité en juin 2002. Cet accord, rejeté par le Polisario, envisageait une solution à tout le moins boiteuse «d'autonomie du Sahara» dans le cadre de la souveraineté marocaine. L'ex-chef de la diplomatie américaine a, quant à lui, indiqué dans une déclaration rendue publique que sa tournée dans la région n'a d'autre objet que de «parvenir à une initiative permettant un règlement politique de la question du Sahara». Il est évident que le Maroc, qui a toujours tergiversé, enregistre un recul certain d'accaparer le Sahara par la ruse et l'usure. D'ailleurs, les responsables du Polisario, qui ont rejeté l'accord-cadre, allant même jusqu'à menacer de reprendre les armes, n'ont pas manqué d'afficher leur satisfaction de ce retour au droit international dans le règlement du conflit. La mission de James Baker dans la région du Maghreb, qui intervient à quelques jours de la fin du mandat de la Minurso, prévue pour le 30 janvier prochain, s'avère délicate, puisque l'émissaire de Kofi Annan espère travailler avec plus d'efficacité pour en finir avec la question du Sahara occidental prise en otage par les positions extrêmes des parties concernées, notamment le Maroc. Toutefois rien n'a jusqu'ici, filtré sur la nouvelle initiative de James Baker qui en a donné la primeur, mardi soir, au roi Mohammed VI, qui le recevait à Agadir. Aussi tout pronostic sur son contenu serait aléatoire. A voir l'agitation des médias proches du palais royal, l'on sent que la proposition des Nations unies qu'apporte James Baker ne va pas tout à fait avec les aspirations de Rabat qui se débat pour sortir la question du Sahara de son cadre international. «Il n'y a plus de frontière dans le sud du Maroc (...) Le Maroc ne fera pas de concession sur son intégrité territoriale», a écrit, hier, le quotidien Le Matin du Sahara en citant une source autorisée qui a requis l'anonymat. La pression des Nations unies et de l'administration américaine sur le royaume chérifien, ressentie lors de la visite de William Burns, a conduit les autorités marocaines à arrondir les angles. Pas plus tard qu'hier, le chef de la diplomatie chérifienne, Mohamed Benaïssa, a déclaré que le Maroc est «prêt à coopérer avec les Nations unies». Qu'aurait dit M.Baker à Mohammed VI pour que ce dernier change de ton? Le représentant personnel de Kofi Annan, qui semble avoir enrichi ses connaissances du dossier, a, pour sa part, adopté une attitude ferme lors de sa rencontre avec les autorités, pour mettre fin définitivement au conflit qui dure depuis plus de deux décennies.