La mise en oeuvre escamotée de la plate-forme d'El-Kseur a créé un véritable tourbillon dans les quartiers de Tizi Ouzou. Le mouvement citoyen de Kabylie est entré dans une phase nouvelle, délicate, dans laquelle tous les acteurs sont mis devant leurs responsabilités, à la veille d'un round jugé décisif pour la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. Dans ce sens, la décision du délégué influent de Tizi Ouzou, Mustapha Mazouzi, de se retirer définitivement de la Cadc intervient après l'arrêt de la grève de la faim des délégués détenus de la Cadc de Tizi Ouzou, mais aussi et surtout au lendemain de l'appel lancé par Sadek Yousfi, un délégué de la Cadc qui a participé au dialogue ârchs-gouvernement en 2001, dans lequel il demande des comptes sur la gestion des dividendes tirés du formidable élan de solidarité créé par le printemps noir, revêt une signification particulière. En effet, après que Sadek Youcef eut défié ses détracteurs dans le mouvement de venir à «une rencontre officielle, publique et devant la presse» pour discuter du sort réservé aux biens du mouvement, le retrait de Maâzouzi de la Cadc, assigné pratiquement à résidence surveillée depuis des mois, signifie-t-il qu'il se serait senti directement concerné par l'interpellation de Yousfi? Ce délégué de la Haute-Ville de Tizi Ouzou a-t-il voulu se démarquer du climat malsain provoqué par certains délégués? Aïssa Arab, père d'un martyr du printemps noir, délégué de Timezrit et acteur de l'ancien dialogue, a pris la défense de Sadek Yousfi, dans une déclaration datée du 17 janvier, en répondant à Moussa Djellal, qu'il a qualifié d'«illustre inconnu, squatteur du titre de délégué d'Illilten» et de «militant d'un parti politique connu», le RCD pour ne pas le citer, et qui aurait pondu une déclaration «incendiaire, bourrée d'insultes et d'invectives», dans laquelle il dénie «le droit à la parole à tous les autres délégués non inféodés à ses idées». En attendant qu'un coin du voile soit levé sur cet aspect du combat citoyen, la déclaration du délégué ayant participé à la mise en oeuvre escamotée de la plate-forme d'El-Kseur a créé un véritable tourbillon dans les quartiers de Tizi Ouzou. Cette situation aurait commandé à la Cadc de maintenir ouverte sa session entamée jeudi dernier à Tizi Rached. Même l'interwilayas, prévue le 23 janvier à Takerbouzt, s'acheminerait vers un report. L'actualité chargée de ces derniers jours aurait influé sur le cours des choses. Il s'agit notamment de la fin de la grève de la faim, du jugement des détenus, de la nouvelle donne créée par la démarche initiée par des éléments issus du dernier round de dialogue, de la montée de voix qui réclament la transparence dans la gestion du mouvement et, enfin, de la dernière sortie médiatique du général de corps d'armée Mohamed Lamari qui renverrait la solution à la crise au pouvoir politique et le mutisme pesant de ce dernier. Enfin, les différentes coordinations du mouvement né du printemps noir sont traversées par une agitation fébrile qui serait en rapport avec l'échéance du règlement politique et pacifique qui coïnciderait avec la célébration du 23e anniversaire du Printemps berbère. On com-prend mieux maintenant les manoeuvres auxquelles s'adonneraient les anciens médiateurs chargés du dossier et qui ont conduit le round de décembre 2001 à l'impasse.