Les animateurs de la coordination - au nombre de sept - sont toujours sous l'effet d'une détention préventive.- Si dans les wilayas de Tizi Ouzou et Bejaïa les prémices d'un proche dialogue ârchs-pouvoir se précisent, à Bouira, une des wilayas les plus touchées par la protestation, rien ne laisse présager une rencontre entre les délégués et les représentants du gouvernement. Les animateurs de la coordination - au nombre de sept - sont toujours sous l'effet d'une détention préventive. Le reste, lui, est toujours recherché. En marge de cette situation déjà incertaine, la coordination de wilaya des comités citoyens se débat dans une scission de plus en plus importante due à une différence de vision. La récente décision de célébrer l'anniversaire de la mort de Matoub au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, décision prise par le CC M'chedallah à laquelle se sont ralliés d'autres comités, est indirectement une réponse au groupe qui avait initié une marche à Bouira-Ville. Cette manifestation, telle que rapportée, s'est transformée en sit-in parce que non-autorisée, mais aussi parce qu'il y avait peu de personnes mobilisées. Pour les mieux informés, l'éclatement de la coordination résulterait du fait d'un parti politique qui aurait infiltré le mouvement pour se refaire une santé. La division, qui remonte au second conclave interwilayas, avait opposé les délégués partisans d'une réunion à Bechloul et ceux proposant Haïzer. La proposition émanant du CCM, quant au remplacement des unités de gendarmerie par une garde républicaine sous l'autorité des élus locaux, mettra le feu aux poudres et séparera davantage les antagonistes. L'émergence de nouveaux délégués, juste après l'arrestation des animateurs, ne sera pas au goût des pionniers qui voyaient là l'expression d'un opportunisme illimité. La coordination n'arrivera plus, alors, à mobiliser les populations et se limitera à des déclarations qui se suivront et se ressembleront. Vouloir nier l'amazighité de cette wilaya sera une grave erreur dont les répercussions futures retomberont sur nos enfants. En marge de ce tourbillon qui secoue le mouvement, le coordinateur Hakim Kacimi de la Coordination de wilaya des comités citoyens de la wilaya de Bouira, animateur du comité de la daïra de M'chedallah membre de l'interwilayas, actuellement recherché, nous a entretenus longuement sur les perspectives du mouvement, son historique et ses positions vis-à-vis des contacts entrepris à Tizi et à Béjaïa pour un éventuel dialogue avec le Premier ministre. «Au jour d'aujourd'hui aucun contact n'a été établi pour faire participer notre wilaya à une rencontre. Cette dernière, si elle venait à se faire, obéit à des conditions. Notre plate-forme de revendications, adoptée le 11 juin 2001 à El-Kseur, scellée et non négociable le 31 août à Imchedallene et explicitée le 31 octobre à Larba Nath Irathen, est la seule ambassadrice et interlocutrice de notre mouvement. Il reste clair que la solution et la responsabilité quant au passé, au présent et au futur de la région, incombent entièrement au premier magistrat du pays. Pour notre mouvement, le préalable qui a été décidé lors du conclave de LNI a été formulé dans le dernier chapitre de l'explicite de la plate-forme». Après la satisfaction pleine et entière de la plate-forme, la mise en oeuvre des solutions doit avoir l'aval du mouvement citoyen. «La satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur passe par une déclaration officielle du Président et cette déclaration sera faite par la reconnaissance de la légitimité et de l'objectivité de nos revendications sur la base de cette donnée, le Président s'engage publiquement à satisfaire la plate-forme dans son esprit et sa portée et invitera officiellement l'interwilayas du mouvement citoyen des ârchs pour la mise en oeuvre des solutions d'un commun accord avec la présidence de la République et notre mouvement partie prenante dans les mises en application. L'explicite de la plate forme constitue une véritable clé de sortie de crise, à savoir le changement du système et l'emplacement des mécanismes juridiques pour l'instauration d'un Etat de droit et la proclamation d'une République algérienne démocratique et sociale tel que prévu par la déclaration du 1er Novembre 1954 confirmée par la plate-forme de la Soummam avec la primauté du politique sur le militaire de feu Abane Ramdane. Le taux d'abstention et la non-participation aux dernières élections dans toutes les communes de Kabylie sont une réponse sans équivoque et qui se passe de tout commentaire à l'adresse du pouvoir qui, à chaque fois qu'une dynamique citoyenne émerge, orchestre une stratégie machiavélique comme moyen de réponse pour maintenir un système dictatorial. L'arrestation de nos frères du mouvement et les avis de recherche à notre encontre entrent dans cette logique. Concernant les partis politiques, un appel a été lancé à tous les citoyens, les syndicats, les associations et les partis de mouvance démocratique qui soutiennent le mouvement pour rejoindre dans le combat jusqu'à la satisfaction de la plate-forme. Cette dernière constitue condition pour l'instauration d'un Etat de droit avec tous les citoyens sans exclusive.»