La voie semble à présent ouverte pour un règlement de la crise qui secoue la région depuis plus de trois années. Fort de son plébiscite, le président de la République est en passe de donner des gages de sa bonne volonté de régler la crise de Kabylie qui a terni son premier quinquennat. Pour rappel, c'est le point 8 de ce document, celui relatif à la proclamation de tamazight comme langue officielle sans passer par le référendum, qui a été la pierre d'achoppement du dernier round de dialogue gouvernement-arch. Par le passé, le président de la République a toujours dit que le dernier mot revenait au peuple. Mais aujourd'hui, rien ne saurait l'empêcher de promulguer tamazight langue officielle sans passer par un référendum, du fait qu'il a été élu par l'écrasante majorité de la population. C'est dans ce sens que certaines sources proches de la présidence soutiennent mordicus que le chef de l'Etat, nouvellement réélu, aurait donné des instructions au chef du gouvernement pour relancer le dialogue avec les délégués du mouvement citoyen. Interrompu en raison de certaines divergences de fond, le dialogue gouvernement-arch devrait reprendre directement après la réinstallation de Ahmed Ouyahia à la tête de la chefferie du gouvernement, affirment ces mêmes sources. «Cette reprise devrait avoir lieu le 20 avril qui coïncide avec l'anniversaire du printemps berbère», ajoute la même source. En outre, on apprend que cet appel sera conforté par la mise en place d'une nouvelle structure, jugée plus adéquate que l'interwilayas, pour l'amorce de négociations devant aboutir à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Et pour montrer sa bonne volonté de mener à bien ce round, il est fort possible que d'autres préoccupations soient associées aux discussions. Il s'agirait de la prise en charge des problèmes liés à la salubrité publique dont la délinquance, la pullulation des cabarets, la prostitution et la drogue. Cette structure est dictée par la nécessité de mener à terme, une fois pour toutes, les négociations. En outre, elle est dictée par la nécessité d'éviter les expériences passées qui ont toutes échoué et qui n'ayant pas permis d'associer toutes les énergies que recèle la région pour une solution juste et globale de cette crise qui dure depuis trois ans. C'est dans ce sens que la coordination de M'Chedallah avait appelé à la création d'un Comité national du mouvement citoyen pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur. Ce comité devrait être assisté d'un conseil consultatif composé de compétences nationales dans les différents domaines scientifiques. Pour la coordination de M'chedallah, la création de ce comité est un impératif pour permettre la continuité de la mise en oeuvre du document d'El Kseur. Dans cette optique, la coordination de M'chedallah a, d'ores et déjà, lancé un comité provisoire à Bouira pour la concrétisation de son initiative en appelant les différentes structures du mouvement citoyen à y prendre part. Dans ce contexte, on apprend également que les délégués, n'ayant pas cautionné l'appel au boycott de l'échéance présidentielle feraient partie de cette structure. Bien au contraire, ces délégués avaient mené campagne pour que la Kabylie prenne part au scrutin présidentiel. D'ailleurs, leur travail de fourmi s'est largement répercuté dans la réalité quand on sait que c'est la première fois, depuis les événements d'avril 2001, que la Kabylie participe avec un taux aussi élevé et largement supérieur à celui des législatives et des locales. En outre, M.Ahmed Ouyahia a souligné par le passé que le gouvernement poursuivrait le dialogue avec les représentants du mouvement arch sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, affirmant que «le règlement de la crise dans la région de Kabylie est inévitable». D'ailleurs, lors d'une conférence animée le 27 février dernier, M.Ouyahia a indiqué que le gouvernement s'est «engagé à respecter ce qui a été conclu autour des six incidences» et que le point de discorde entre les deux parties, à savoir «l'officialisation de tamazight sans référendum ne saurait constituer une entrave» pour la mise en oeuvre de l'accord conclu sur l'application de la plate-forme d'El-Kseur. M.Ouyahia a rappelé en outre que le gouvernement avait eu des discussions avec la délégation des archs «dans un climat de sincérité en vue de parvenir à l'application de la plate-forme d'El Kseur» avant de souligner que «la poursuite de ce dialogue est incontournable».