«Cet incident a été, au fait, un exercice réel pour mesurer l'efficacité de notre dispositif de sécurité.» Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, a tenu, hier après-midi, une conférence de presse, au siège de la Dgsn, à la suite de l'incident du vol d'Air Algérie, reliant Constantine à Alger. Cette conférence intervient, donc, «afin de remettre les choses à leur juste place», selon M.Ali Tounsi, dès lors que le traitement médiatique de cette information par la presse nationale a été, semble-t-il, «légèrement amplifié». Et c'est, justement, afin de prévenir les éventuelles répercussions, notamment sur le plan international, d'un tel traitement que cette conférence a été probablement organisée. Le Dgsn présenta, d'abord, un portrait succinct de l'auteur du «détournement», un certain Farouk Bloughina âgé de 37 ans, originaire de Constantine, et chômeur de son état. Ce dernier est, selon le Dgsn, «un déséquilibré mental, ayant agi sous l'effet de la drogue» et, par ailleurs, «fiché par les services de police et connu par la justice du pays pour quelques délits mineurs qu'il a commis par le passé». Cette présentation exclut, d'emblée, que l'individu arrêté par la police serait un terroriste islamiste, et encore moins un agent d'Al-Qaîda. Le Dgsn ajoute que le dénommé Bloughina pour être pris «au sérieux, par les membres de l'équipage de l'avion, a prétendu être à la tête d'un groupe composé de deux autres individus, qu'il a, par la suite, désignés aux policiers...Toutefois, après enquête, il s'est avéré que les deux autres supposés complices n'étaient, en aucune manière, concernés ou liés à cette affaire». En outre, le Dgsn déclare qu'une «enquête de police a été déclenchée, à la suite de cet incident, par les services de police de la ville de Constantine d'où est originaire l'auteur du détournement». Concernant le dispositif de prévention des sites dits «protégés» à l'instar des aéroports et des ports, placés sous l'autorité d'un comité de sécurité dirigé par un officier au grade de commissaire, M.Ali Tounsi dira: «Cet incident a été, au fait, un exercice réel pour mesurer l'efficacité de notre dispositif de sécurité» qui serait, toujours selon le Dgsn, «l'un des meilleurs au monde...La preuve est que cet individu n'était pas armé et a été, par la suite, facilement maîtrisé sans même que les passagers du vol s'aperçoivent de rien». Notons que l'intervention de la police a eu lieu une fois l'appareil d'Air Algérie sur la piste de l'aéroport Houari-Boumediene. Donnant plus de détails sur le dispositif de sécurité, Ali Tounsi déclare que son fonctionnement commence déjà en amont «c'est-à-dire lors de l'enregistrement des voyageurs. A ce moment, si nos services constatent la présence d'un quelconque suspect il peut être soit empêché de prendre l'avion soit, dans d'autres cas, nous plaçons une équipe dans l'avion afin de parer à tout incident éventuel». M.Ali Tounsi semble tellement confiant sur le dispositif actuel au point de déclarer qu'il «voyage toujours, seul, sans armes et sans garde rapprochée». En tout état de cause, cet incident, qui s'est avéré mineur, voire quasi ordinaire aussi bien en Algérie qu'ailleurs, a été amplifié à tort et pour des raisons inavouées. Cela, le cas échéant, ne tiendra guère la route et serait, en outre, de mauvaise foi.