Certains d'entre eux et autres, membres des groupes d'autodéfense utilisent les armes fournies par l'armée algérienne à des fins professionnelles. Les armes en question, qui étaient livrées uniquement pour défendre les villages des décentes terroristes sont devenues, selon toute vraisemblance, un véritable diplôme pour le recrutement au poste d'agent de sécurité se passant ainsi de tout CV. Cette information a suscité un débat autour des modalités d'utilisation des armes par les éléments d'autodéfense. Les échos font état d'une volonté de révision du cadre définissant les activités des civils armés. En effet, le nombre croissant de membres d'autodéfense et de patriotes, qui ont utilisé les armes dans un cadre contractuel avec des sociétés privées ou publiques, a alerté les responsables du ministère de la Défense qui vient d'édicter une instruction interdisant l'utilisation des armes, propriété de l'Etat, à des fins professionnelles. Cette instruction, qui est entrée en vigueur, il y a quelques jours, comme l'indiquent des sources, a pour objet d'empêcher la naissance de ce qui s'apparente à un «commerce de la sécurité». D'autant plus que cela apportera de l'eau au moulin de certains cercles médiatiques qui évoquent l'existence de milices privées encouragées par l'armée algérienne. Les cas recensés de patriotes ou de membres d'autodéfense, qui se sont reconvertis en agents de sécurité, voire en gardes du corps, indiquent certaines sources, suscitent d'abord une réflexion sur la prise en charge de certains d'entre eux en les mettant à l'abri du besoin, car ils sont généralement issus de familles très pauvres habitant des régions isolées. Des sources des autorités militaires estiment que ce genre de phénomène, encore à l'état embryonnaire, va à contresens du principe de la création de groupes d'autodéfense et de patriotes, censés être armés pour défendre les biens et les personnes des villageois qui ne veulent pas quitter leurs hameaux. Ces armes, estiment les mêmes sources, doivent être utilisées pour l'intérêt de la communauté et non à des fins commerciales. Cela explique dans certains cas comment les groupes terroristes avaient pu pénétrer dans des villages alors que ces derniers comptaient plusieurs civils armés. Certains étaient occupés au gardiennage des biens des sociétés contractantes. Les enquêtes faites dans les régions qui ont connu des incursions terroristes pendant que certains patriotes étaient occupés ailleurs, laissant d'autres patriotes seuls face à la barbarie criminelle, ont donné à réfléchir. Notamment dans les wilayas de Blida, Chlef et Relizane. En effet, la déviation de la mission initiale qu'est l'autodéfense constatée chez certains citoyens armés a ouvert la voie à une nouvelle version du mercantilisme. Ce genre de pratiques a déjà conduit à des dérapages. Les services de sécurité étaient intervenus pour rétablir «ces bavures». Beaucoup de gardes communaux et de GLD avaient été mêlés à des actes de grand banditisme et sont, à présent, entre les mains de la justice.