De report en report, ce rendez-vous n'aurait pas lieu avant certaines dates déterminantes pour la suite des événements. Le ministre de l'Intérieur, dans un point de presse animé mercredi, tard dans la soirée, a annoncé à partir de Laghouat, quoique de manière indirecte, un nouveau report des élections partielles, prévues désormais, si l'on en croit Noureddine Yazid Zerhouni, dans le courant du premier semestre de l'année en cours, c'est-à-dire avant le mois de juin prochain. Ces dernières, selon la loi organique portant régime électoral, devaient avoir lieu, au maximum 60 jours après la date des élections locales, qui s'étaient tenues le 10 octobre dernier. Ce délai est passé depuis longtemps alors que plus de soixante communes sont toujours gérées par leurs secrétaires généraux en attendant la tenue des élections partielles. Un premier report avait déjà été annoncé par le ministre de l'Intérieur quelques jours à peine après la proclamation des résultats des élections locales. Il avait prétexté ce report, inscrit en faux des lois de la République, par la météo défavorable. Sic. Les partielles devaient avoir lieu avant le mois de mars prochain, c'est-à-dire dans le courant du premier trimestre de l'année en cours. Au début du mois courant, les services de la présidence de la République, de même que le ministre de l'Intérieur, avaient reçu l'ensemble des responsables de la classe politique intéressés par ces partielles, notamment le FLN, le RND, le FFS, le PT, le mouvement El-Islah et le MSP. Nous étions donc en droit de penser que le scrutin allait avoir lieu dans les délais annoncés. Or, si un second report a été proclamé à l'occasion de la sortie du Président sur le terrain, plus précisément à Laghouat, c'est que des raisons sérieuses doivent exister, même si Yazid Zerhouni s'est bien gardé de les évoquer lors de son point de presse. La météo n'étant plus en cause, encore moins les moyens matériels et financiers, les causes de ce énième report sont à rechercher ailleurs. A ce propos, des analystes très au fait de la scène politique nationale évoquent «des dates importantes que le pouvoir veut dépasser avant de se lancer dans l'aventure des partielles». Il s'agit principalement de la commémoration du printemps berbère, 23e du nom, et du printemps noir, deuxième du nom. Le pouvoir, croit-on savoir, veut en finir avec ce problème qui dure depuis deux années avant cette date commémorative. Cela est d'autant plus requis, poursuivent nos sources, que c'est cette région qui est essentiellement touchée par les partielles où le scrutin n'a pas été validé dans pas moins de 59 communes alors qu'une soixantième vient d'être dissoute tout récemment à Béjaïa. A ce propos, l'on croit savoir que d'intenses tractations se poursuivent depuis quelques semaines entre des émissaires du pouvoir et des délégués du mouvement citoyen. Ce dernier, qui n'arrive plus à mobiliser les gens comme avant, n'ignore pas qu'il doit déboucher sur des acquis palpables dans les plus brefs délais s'il ne veut pas finir le dos au mur, ne pouvant plus ni reculer ni avancer. Ce n'est pas tout. La visite du président Chirac en Algérie, à laquelle les observateurs et les politiques attachent une très grande importance, devra, elle aussi, se passer sans encombre, d'autant que le mouvement avait déjà essayé d'impliquer l'Hexagone dans cette question à travers la nombreuse communauté algérienne vivant en France sous le prétexte qu'une «certaine minorité ethnique» serait persécutée en Algérie. La démarche n'a pas réussi et les manifestations ont vite fait de s'arrêter, remplacées par les festivités liées à la préparation, puis au déroulement, de l'Année de l'Algérie en France. Reste à se demander si ce second report ne sera pas, lui aussi, suivi d'un autre et ainsi de suite...