Finalement, il s'avère que Cheikh Djaballah est le «fédérateur» des entités islamistes dissoutes, autodissoutes et non agréées. Avant la tenue de leur congrès, les formations politiques dites de la mouvance islamiste, semblent déjà traverser une zone de turbulences. Les divisions intestines à l'état larvé, à la tête de la pyramide comme à sa base, existent bel et bien. En effet, selon des informations recueillies auprès de milieux proches du MRN et vérifiées, un conflit essentiellement de leadership, serait né au niveau de la base du parti, entre les militants qui appartenaient au FIS dissous, à l'AIS et à ceux du «mouvement Wafa», un parti non agréé, et ce, juste après la désignation des membres du bureau de wilaya de Mostaganem, lors d'une réunion tenue par le «majliss echoura», au centre culturel de la commune de Mazaghrane. Ce parti politique semble donc, lui aussi, traversé par des luttes et des divergences en provenance d'une base militante apparemment hétérogène qui se révèle, maintenant, être un vivier, du moins à l'échelle locale, de militants FIS dissous, AIS et «Wafa». Nos sources expliquent, par ailleurs, que le conflit serait aigu surtout entre les éléments du parti dissous et ceux de «Wafa». L'on se demande alors si l'autre «tendance» de l'AIS ne serait pas relativement épargnée par le fait, peut-être, d'avoir été, à un moment donné, «une autorité», et, par conséquent, serait en droit de tenir «les rênes», tout en ayant «une place au soleil». C'est peut-être de cette «notoriété» qu'émaneraient la «force de frappe» de l'AIS et en même temps sa quête à vouloir, selon nos informations, réactiver les anciennes structures militantes du FIS afin de les «injecter» dans le parti d'Ennahda. Mais, à regarder de près, la formation de cheikh Djaballah, El-Islah, il y a lieu de s'interroger vers quel mouvement islamiste devrait finalement être attirée cette base militante du FIS dissous, puisque celle ci se retrouve déjà au MRN. Quel est donc le secret de cette présence, dans ce dernier parti, des éléments du FIS dissous et de l'AIS autodissoute? Cheikh Djaballah aurait-il un «charisme» au point d'attirer «tout ce beau monde»? Dans ce cas de figure, les observateurs diraient qu'un deuxième tour ne serait pas à écarter lors de la présidentielle de 2004, du fait de la mobilisation décrétée au sein de cette mouvance islamiste. La récente «réussite» électorale du MRN serait, à ce titre, un élément de réponse et d'analyse à prendre au sérieux. A moins qu'un «front nationaliste» ne surgisse pour renverser la vapeur. Par ailleurs, nos dernières informations sur les «manoeuvres à fond» de deux dirigeants de l'AIS, notamment pour le centre et pour l'ouest du pays, aux fins de restructurer la base militante du FIS dissous, prouveraient que la question de la récupération de celle-ci existe bel et bien, mais, ce qui semblerait flou, pour le moment, c'est la question de savoir exactement si cette base militante ainsi que les éléments qui ont appartenu à l'AIS seraient «encadrés» ou «assujettis» à une «autorité» ou à une direction bien définie. En d'autres termes, «cette frange de la société» sera-t-elle drainée vers le MRN, vers Ennahda où sera-t-elle simplement «éparpillée» au gré des «vents partisans»? Enfin, l'on pourrait expliquer que cette «ruée» islamiste vers le MRN de cheikh Djaballah s'expliquerait par le fait que, selon les spécialistes «de la chose islamiste», celui-ci serait majoritairement de la tendance «djaz'ariste» (les algérianistes), auxquels, justement, la commune (APC) constitue une victoire de grande portée puisqu'elle est «la base de l'édifice» islamique et que, conséquemment, c'est sur ce terrain d'abord que les islamistes se doivent de convaincre la peuple. En outre, «la djaz'ara», «réfractaire à tout lien avec l'étranger», se présenterait comme étant le fidèle de l'islamisme de l'époque du Cheikh Ben Badis ou de l'Emir Abdelkader, sans pour autant oublier qu'elle ait été «inspirée» par des courants de pensée en provenance des Frères musulmans de Sayed Qotb ou de la «secte» «Takfir oua el hidjra». Il est également dit, à propos du courant «djaz'ariste», né à l'intérieur même du FIS dissous en mai-juin 91, que celui-ci fait de la modernité «une finalité de son idéal islamique», et «répond à une exigence de promotion politique et sociale de la frange de la jeunesse marginalisée». En conclusion, l'opacité demeure, malgré tout, quant à une compréhension de cette «mosaïque», mais, ce qu'il semblerait utile de retenir, c'est peut-être le fait que, selon les mêmes spécialistes des questions islamistes, si «les salafistes» du FIS dissous n'avaient pas devancé les représentants de «la djaz'ara», ce parti «aurait évolué différemment»...