Le Cheikh prépare son retour à la tête du mouvement En Nahda à l'issue d'un «congrès de réconciliation historique» qui aura lieu après la prochaine échéance électorale. C'est comme un phénix. A peine son «décès politique» signé, qu'Abdallah Saâd Djaballah renaît et émerge de nouveau sur la scène politique. Pour preuve, chassé par la fenêtre du mouvement En Nahda, le cheikh prépare un retour par la grande porte. «Les enfants» de ce mouvement préparent un grand congrès de réconciliation pour permettre au cheikh de revenir à la tête du mouvement. «Nous menons des rencontres avec tous les militants du mouvement afin de réconcilier les uns et les autres», a-t-il déclaré hier à L'Expression. Et d'ajouter: «Nous préparons et nous voulons un retour commun pour retrouver le mouvement En Nahda historique». M.Djaballah le justifie en déclarant que cette action n'est pas propre à En Nahda. «Tous les partis ont connu des départs massifs et des retours communs et le mouvement En Nahda n'est pas un cas isolé», a-t-il dit. Une source proche du mouvement a confié à L'Expression que ce congrès de réconciliation se tiendra vers la première quinzaine du mois de mars. Plus précisément, la même source annonce la date du 12 mars. Or, cheikh Djaballah sait que la conjoncture ne permet pas de tenir un congrès d'ici à cette date. Pour lui le congrès de réconciliation aura lieu après l'élection présidentielle. «Nous tiendrions ce congrès après l'élection présidentielle», a-t-il précisé. D'ores et déjà, l'ancien fondateur et président du mouvement El Islah annonce la couleur. «Une fois la réconciliation faite, j'envisagerai d'enregistrer des résultats meilleurs et satisfaisants», promet-il. Le candidat à la présidentielle de 2004 a de fortes chances de satisfaire son ambition. Il ne s'agit pas d'un miracle pour un homme politique d'une telle envergure. Il sait bien faire la part des choses. Il ne mélange pas les torchons et les serviettes. Alors qu'il était attendu comme candidat à la prochaine élection, M.Djaballah a fini par dire «non». Une sortie jugée surprenante. Avec l'annonce d'un congrès de réconciliation après la présidentielle, cheikh Djaballah vient de donner un élément de réponse à sa décision de ne pas être un cavalier dans la prochaine course au palais d'El Mouradia. En quelque sorte, la vision de Djaballah est lointaine. Il préfère, dans cette perspective, un retour à la tête d'une formation politique qui lui permettra de préparer les échéances politiques qu'attend le pays dans le futur, notamment l'élection présidentielle de 2014. Dans une déclaration à L'Expression, il a ainsi expliqué: «Cette échéance ne me concerne pas. Elle n'est pas l'une de mes priorités.» Et d'affirmer: «On ne doit pas être présent sur la scène politique juste pour une élection ou une échéance électorale.» Les observateurs avertis de la scène politique nationale et de la mouvance islamiste en Algérie voient en sa personne le seul homme politique islamiste capable de restructurer et restituer le courant islamiste en Algérie. La mouvance islamiste connaît ces derniers temps une déchirure sans précédent. Il s'agit même d'une grande fracture jamais connue. Le cheikh, qui a eu déjà à porter très haut les couleurs d'El Islah et d'En Nahda, peut confirmer, une fois de plus, son statut de compétiteur redoutable. Par le passé, Abdallah Saâd Djaballah, tour à tour président de ces deux formations, a donné de sérieux espoirs à ses nombreux supporters et partisans. Il faut effectivement prendre en compte la remarquable performance qu'il avait réalisée lors des élections législatives de 2002 en arrachant pas moins de 43 sièges. Du coup, son parti de l'époque, El Islah, s'était imposé comme troisième force politique du pays. La prochaine élection présidentielle portera bonheur au cheikh. Il profitera certainement d'une éventuelle débâcle que subirait son ancien parti, El Islah, pour rabattre quelques militants vers son camp.Même s'il est connu pour être l'homme politique qui ne baisse pas les bras, il reste à savoir s'il réussira à se replacer sur le devant de la scène politique nationale et à reconduire la mouvance islamiste dont il sera le leader? Wait and see.