Selon les termes des plus proches compagnons de Madani Mezrag, émir national de l'ex-AIS, celui-ci a fermement démenti les rumeurs rapportées par la presse, faisant état d'un congrès AIS, pour le 13 janvier. Contacté, à partir d'Alger, par de ses proches compagnons, Madani Mezrag a affirmé qu'il s'agissait d'une pure spéculation et qu'il n'existe «aucune intention de réunir les anciens chefs régionaux pour une quelconque réunion et encore moins pour un congrès de l'AIS.» Cette affirmation dément en même temps, une autre information, qui donnait Mezrag parti en Omra, en Arabie Saoudite, depuis près de deux mois. Voilà qui est clair et qui permet d'aller au fond des choses. En fait, l'importance du congrès de l'AIS résidait en ceci: n'ayant pas un candidat à proposer pour les prochaines échéances électorales, l'AIS aurait décidé de se réunir pour choisir des candidats, ou un parti politique, qui seraient assez proches de leurs options, et l'appuyer à fond (plusieurs milliers d'hommes, en plus de leurs familles) lors des prochaines joutes électorales. L'enjeu étant de taille, il était donc, assez vraisemblable que l'on s'intéressât de près à cet événement. L'expérience de Taleb Ibrahimi lors des présidentielles d'avril 1999 avait démontré que ce genre d'alliance islamo-islamiste pouvait se révéler une arme redoutable à effet de «rouleau-compresseur». Ce démenti de Mezrag est, du reste, conforté par ses plus proches compagnons. Abdelkader Boukhamkham affirme qu'«il n'est dans l'esprit de personne d'organiser une réunion de l'AIS, le 13 janvier courant, car les problèmes que vit la mouvance islamiste ne sont pas là, mais dans le fait de remettre l'Algérie sur pied, de la sortir des zones de turbulences, de replacer chaque parti politique, chaque citoyen, sur les rails de la constitutionnalité et des canaux légaux.» «C'est la seule chance, ajoute-t-il, d'arriver à réaliser, de manière réelle, la concorde civile et la réconciliation nationale.» Ali Benhadjar, émir de l'ex-Lidd use d'un ton plus tranchant: «Je ne suis pas au courant de ce congrès AIS, mais je vous le dis d'avance: il sert à quoi ce congrès? Et puis c'est quoi déjà l'AIS? C'est, officiellement, une organisation qui s'est autodissoute, tout comme la Lidd. Moi-même, je représente qui, malgré l'estime dont je jouis encore parmi mes frères? Je ne peux que représenter moi-même, et moi seul». Abordant la question de savoir si, lui était favorable à une alliance politique quelconque, ou peut-être un choix de la mouvance AIS ou FIS sur un homme ou un parti, à l'approche des élections, il répond: «Personnellement, je ne suis pas intéressé par les élections. Que le passé, d'abord, nous serve de leçon. Comment pourrais-je m'aventurer dans des entreprises politiques dont je sais d'avance l'échec? En réalité, le contexte politique actuel est défavorable à quelque action que ce soit que pourrait projeter la mouvance islamiste. Attendons au moins que les choses soient claires pour voir...» Après le gel momentané des activités de Rabitat nidâ el-Ouma, vaste conglomérat politico-théologique qui a pu, en l'espace d'une année, regrouper les principaux partis, associations et hommes politiques de la mouvance islamiste dans un même ensemble actif toute l'attention des observateurs est focalisée sur l'AIS. Organisation officiellement autodissoute depuis le mois de janvier 2000, mais qui reste prépondérante sur l'échiquier politique de l'islamisme, eu égard à l'influence de ses chefs sur des milliers de voix de leurs ex-éléments armés. A la veille du 13 janvier 2002, date anniversaire de l'autodissolution de plusieurs organisations armées, l'AIS, la Lidd et le Mipd, tous les chefs trêvistes - depuis 1997 - sont dans leurs villes, Mezrag à Jijel, Kertali à Larbaâ, Benhadjar à Médéa, Kebir à Collo et Benaïcha à Chlef. Le congrès des ex-chefs de l'AIS n'aura pas lieu. Ni le contexte politique et encore moins les dispositions personnelles de ses initiateurs n'ont plaidé pour sa tenue. Du moins, pour cette fois-ci.