Les chiffres communiqués par le délégué à la Relance, Abdelkader Khelili, n'ont conforté personne. Le plan d'appui à la relance économique, initié en juin 2001 et doté d'un montant de 525 milliards de dinars (l'équivalent de 7 milliards de dollars), est loin d'avoir tenu toutes ses promesses. Les chiffres communiqués par le délégué à la relance, Abdelkader Khelili, n'ont conforté personne. Le «bilan» positif, annoncé par ce dernier, fait état, entre autres, de la création de 400.000 emplois dont trois quarts sont permanents. Ce chiffre est à prendre avec toutes les réserves eu égard, au moins, à l'impact disproportionné des ces «créations» d'emploi sur les caisses sociales qui n'ont pas ressenti, à leur niveau, l'effet de ces «emplois» en matière de déclarations. Au plan des réalisations «concrètes» il serait question, au fait, de «parachèvement» de projets sociaux, à l'arrêt, financés auparavant à coups de réévaluations ruineuses. Le constat gouvernemental, à propos de l'économie nationale, était que les indicateurs macroéconomiques étaient stables, du moins conjecturalement, vu l'amélioration des recettes d'hydrocarbures (entre les deux paramètres la corrélation est linéaire). Toutefois, ce même constat ajoute que les indicateurs sociaux étaient, par ailleurs, sérieusement menaçants entraînant très peu d'offre d'emploi d'où un chômage effarant, une érosion du pouvoir d'achat, une paupérisation nationale. En somme, les ingrédients d'une instabilité sociale qui, durant l'année 2002 particulièrement, s'est caractérisée par des émeutes ici et là. Afin de mettre fin à cette «incohérence» fonctionnelle, le plan de soutien vise à assurer une croissance saine et durable de l'économie nationale, par la demande. Autrement, et abstraction des risques inflationnistes, l'enjeu serait d'améliorer le niveau de vie des Algériens en injectant les 525 MDA, qui permettront de créer de l'emploi, élever et élargir le pouvoir d'achat et faire «fonctionner», du coup, les entreprises nationales. Seulement, outre ces objectifs louables, le plan de la relance a traîné «malgré lui» et dès le départ, nombre d'incohérences ont été enregistrées. D'abord, dans sa première confection. Celle-ci, sur le plan pratique, a été faite par une sorte de sommation de diverses politiques de développement sectorielles (ministérielles) dont, malheureusement, la synthèse s'est avérée sans cohésion. L'absence d'un circuit informationnel, exhaustif, instantané et fiable demeure un handicap institutionnel, et conséquemment fonctionnel, qui non seulement «aveugle» toute politique économique mais rend aussi «aléatoire» la possibilité de jauger et de juger l'évolution, dans le temps, de celle-ci. C'est le cas aussi de l'évaluation de l'actuel plan de soutien à la relance. Conséquence des modalités de sa confection, le plan présente, à ce jour, une problématique d'allocation de ses ressources. Les critiques subies par le plan sont, dans ce cadre, loin d'être «populistes». L'absence d'une évaluation précise, préalable, des outils censés assurer cette relance, à savoir l'entreprise algérienne serait appelée, dans ce contexte, à prendre le relais de l'Etat. Ceci a été, d'ailleurs, confirmé, quoique indirectement, par le ministre des Finances, Terbèche, qui a évoqué, sur les ondes d'une radio publique, en décembre dernier «l'absence de relais, pour l'Etat, dans les sphères productives». Un constat, sans appel, qui annonce, déjà, un échec, prématuré, du plan. Il faudrait ajouter les capacités «d'absorption» de l'économie nationale. Celle-ci est-elle en mesure d'absorber, d'une manière efficiente, les 7 milliards de dollars d'autant plus, qu'à travers ce plan, le gouvernement cherche à éviter que ses ressources ne soient profitables aux entreprises autres qu'algériennes. Paradoxalement, le satisfecit officiel reste de rigueur. Tout en relevant, eux-mêmes, que les macroindicateurs ne sont point révélateurs, l'on ressasse, pourtant, les mêmes chiffres, à savoir une hausse de PIB qui passe de 3,2% en 2001 à 4,2% en 2002, voire une croissance, estimée, par le plan, à 2,4% pour 2002. Allons-nous directement vers un retour à la case départ? Ce n'est guère à écarter.