Les différents bilans de M.Khelil restent muets sur les effets du plan de relance économique sur la croissance. L'annonce d'un nouveau programme de soutien à la relance économique, faite dimanche dernier à Batna par le mini-stre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, pose la question de l'évaluation du premier plan, d'un montant de 525 milliards de dinars (environ 7 milliards de dollars) et initié par le Président de la République le 26 avril 2001. Ce dernier étant encore en cours d'exécution. Dans son dernier bilan qui remonte au 30 mars dernier, le délégué auprès du Chef du gouvernement pour la relance économique, M.Abdelkader Khelil, a indiqué qu'une enveloppe de 380 milliards de dinars a été mobilisée de septembre 2001 à décembre 2002, dans le cadre de l'application du programme de soutien à la relance économique. M.Khelil a fait état de 102,2 milliards de dinars qui ont été consacrés à l'amélioration des conditions de vie, 79,6 milliards de dinars aux activités productives, et 8,6 milliards de dinars aux infrastructures administratives. En termes d'impact sur la population, le programme s'est traduit, sur ces 15 mois, par la création de 457.431 emplois dont 224.141 permanents et 233.290 temporaires. Il y a lieu de préciser que plus d'un emploi sur deux aura été créé dans l'agriculture (56%). Il est utile de souligner que 75% des emplois créés entre octobre 2001 et mars 2002 l'ont été dans des projets centralisés. Les projets pilotés par les collectivités locales ont ouvert seulement 57.000 postes de travail définitifs ou temporaires. Par ailleurs, le programme a permis la mobilisation de 22.200 entreprises, dont 96% privées. Quant à l'exécution du programme par secteur d'activité, le délégué a parlé de la réalisation de 9 904 projets, dont 4997 achevés, 3827 en voie d'achèvement et 1080 projets en phase de lancement. Les observateurs avertis ont tenu à nuancer les succès de ce plan de relance économique. A commencer par les deux bilans établis par M.Khelil, qui ne soufflent mot de l'impact de ce plan sur les équilibres macroéconomiques. A titre indicatif, le taux d'inflation (de mars 2001 à mars 2002) qui passe à plus de 4% a été considéré comme un premier «désordre» engendré par la hausse des dépenses budgétaires en 2001. A contrario, d'aucuns considèrent que la plupart des indicateurs macrofinanciers (balance commerciale, réserves de change, balance de paiements) peuvent supporter un déficit maîtrisé du budget de l'Etat. Mais les bilans de M.Khelil sont restés muets sur cet aspect et sur les effets de croissance attendus. Enfin, il y a les experts du Conseil national économique et social (Cnes) qui, eux, sont plus critiques. L'institution que dirige M.Mohamed-Salah Mentouri ne croit pas à la dynamique créée par ce programme. Selon une évaluation faite par cette institution, le plan n'a pas eu l'effet escompté en raison du caractère superficiel de la dynamique économique enclenchée. Le Cnes reconnaîtra dernièrement que l'Algérie connaît un taux de croissance de 4%. D'autres observateurs restent sceptiques sur la question. Pour eux, un programme pareil, qui n'englobe pas les grands projets stratégiques, dont l'aéroport international et l'autoroute Est-Ouest, ne serait pas de nature à contribuer au développement des régions. De son côté, et à propos des emplois créés, l'Ugta parle d'emplois temporaires. En tout état de cause, il est illusoire de parler d'évaluation objective à défaut d'instruments modernes et tant que les autres chantiers, telle la réforme administrative, bancaire et foncière, ne sont pas achevés.