L'évaluation des résultats du plan de relance économique, qui paraissent imperceptibles, reste difficile à faire. Le plan de soutien à la relance économique initié par le Président Bouteflika, en mars 2001, «a été réalisé à 88%», et l'objectif qui en est escompté est «d'arriver à un taux de croissance de 4,5 % durant cette année». Cette appréciation émane du Chef du gouvernement en personne, M.Ali Benflis qui, à la faveur d'un entretien accordé à la revue libanaise Economie et Affaires, est revenu en détail sur les priorités et les finalités de ce plan. Au vu des chiffres avancés, il semble que ce programme de soutien à la relance tire à sa fin, puisque par déduction logique des chiffres avancés par le chef de l'Exécutif, il ne resterait que «12 %» à réaliser de ce plan qui aura bouclé sa deuxième année le mois prochain. Doté d'une enveloppe financière de pas moins de 7 milliards de dollars, soit 525 milliards de dinars, ce plan devait s'employer avant tout à renforcer les infrastructures de base du pays tout en injectant assez de capitaux dans leurs circuits de réalisation qui entraîneraient l'engouement des promoteurs locaux et étrangers à suivre le mouvement et à faire les investissements d'accompagnement. Or, de l'avis des citoyens ordinaires et même des spécialistes des affaires économiques, tels les experts du Cnes (Conseil national économique et social qui a tenu sa dernière session en décembre dernier ), ces projections ne sont pas traduites concrètement dans la vie quotidienne des citoyens. La désaffection du secteur privé, le manque de sérieux et de volonté des investisseurs étrangers aidant, le taux de chômage se situe toujours dans la fourchette des 28, 30%, avec tout ce que cela suppose comme tares pour le pouvoir d'achat et, partant, pour la consommation moteur de toute relance de l'investissement et de la croissance économique. Certes, dans un précédent bilan dressé l'été dernier M.Abdelkader Khelil, ministre-délégué chargé auprès du Chef du gouvernement du plan de relance économique, a re-connu que l'environnement dans lequel s'est déployé ce plan de relance était très «contraignant». Cela ne l'avait pas empêché d'annoncer alors, «la réalisation de 370.000 emplois dont 65% permanents (secteurs de l'agriculture et de l'habitat)», un chiffre fort contesté par la suite, par la direction de la Centrale syndicale Ugta. Evalué par deux fois par ce même responsable et pour deux périodes distinctes (octobre 2001 à mars 2002 et mars 2002 à fin juin 2002 ), ce plan de relance économique s'est structuré au total autour de pas moins de 8190 projets allant du secteur des travaux d'aménagement urbain à celui du développement d'équipements administratifs en passant par ceux relatifs au renforcement des réseaux d'AEP, d'entretien routier et de projets d'assainissement en tous genres. D'où les perturbations et les incohérences enregistrées au niveau des circuits de distribution en matériaux de construction et les dysfonctionnements observés du fait de la multiplication des chantiers engagés en même temps. C'est pour cela que ce plan de relance semble patiner, sa dynamique paraissant non perceptible et son évaluation frisant le virtuel. Il est vrai que toutes les parties n'ont pas joué le jeu consacrant de la sorte les vues de Joseph E. Stigliz, Prix Nobel d'économie et ex-vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, selon lesquelles «toutes les mesures libérales d'ouverture ne sont pas nécessairement bonnes, si le marché n'est pas prêt à prendre correctement le relais de l'Etat». Or, justement, c'est à ce niveau que réside la grande faiblesse de l'Algérie et, plus grave, c'est dans ce cadre qu'a vu le jour ce plan de relance économique du pays.