Le président de la FAF est devant un grand dilemme. «Maintenant que Raouraoua est rentré au pays, je vais attendre quelques jours. S'il ne me recontacte pas, la page sera définitivement tournée. Sans rancune ni animosité.» C'est ainsi que s'est exprimé Rabah Saâdane dans une interview qu'il a accordée à notre confrère, l'hebdomadaire sportif, Le Buteur. Celui qui était pressenti comme le futur DTN du football algérien semble, par ces deux phrases, faire un deuil de cette nomination. Effectivement, au moment où il s'exprimait, le patron de la FAF, par ailleurs commissaire de l'Année de l'Algérie en France, était rentré au pays depuis un bon moment. On peut croire que s'il n'a pas recontacté Saâdane rapidement, c'est qu'il ne semble pas décidé à lui offrir les rênes du domaine technique. Si ce revirement de la ligne de conduite de Mohamed Raouraoua venait à se confirmer, c'est que celui-ci aurait cédé à la pression de certains membres du bureau fédéral dont le vice-président de la FAF, Mohamed Laïb qui lui reprochaient d'avoir discuté avec Saâdane sans les avoir consultés. Ce dernier suppose que le lâchage de Raouraoua s'explique par le fait qu'il lui aurait reproché d'avoir divulgué l'information du contact établi par la FAF avec lui sur les ondes d'une radio locale. L'argument paraît bien trop gros pour être cru par l'opinion publique. Tout le monde, en effet, est au courant qu'entre Saâdane et Laïb, cela ne risquait pas de marcher. Le recrutement du premier était de nature à empiéter sur le domaine du second. Laïb, depuis l'élection de l'actuel bureau fédéral, n'est pas seulement le premier vice-président de la FAF, mais également le directeur de toutes les équipes nationales. Pour information, la nomination des staffs techniques des sélections autres que celle de l'EN «A» vient de lui. En arrivant à la FAF, il a trouvé Rabah Madjer aux commandes de cette dernière et Madjer est réputé être quelqu'un qui n'aime pas qu'on se mêle de ses affaires. On se souvient du fameux épisode qui avait vu Laïb faire appel au joueur du Hansa Rostock, Ramdane, sans avertir l'entraîneur national. Le résultat a été que le joueur était venu à Alger, avait séjourné à l'hôtel Mercure mais n'avait pu rencontrer Madjer car ce dernier avait dit qu'il ne discuterait qu'avec les joueurs qu'il sélectionnait. Madjer parti, c'est Leekens qui vient juste de le remplacer. Celui-ci n'étant pas un connaisseur du football algérien, pourrait être ouvert à tous les conseils, même ceux de Laïb, en matière de choix des joueurs. Ce qui a précipité les choses, ce sont les déclarations de ce dernier à la radio où il a précisé que le futur DTN n'aurait pas à s'occuper des équipes nationales. C'est là une énorme nouveauté car dans tous les pays du monde, on n'a pas entendu parler d'une équipe nationale qui ne tombe pas sous la coupe de la DTN surtout pour ce qui est de la gestion de son staff technique. Laïb a, pour étayer sa thèse, cité l'exemple de la France. Le fait est que dans ce pays, l'actuel entraîneur national, Jacques Santini, a été recruté par la Fédération française après consultation du DTN, Aimé Jacquet. En outre, tous les mois, Santini tient une réunion avec cette DTN et l'ensemble des entraîneurs des autres sélections. Les actuels statuts de la FAF ne font pas mention d'un DTN, mais ils parlent de quatre directeurs de méthodologie dont trois touchent directement au domaine technique qui pourrait relever d'une DTN. Il s'agit de celui des équipes nationales, de celui du développement et de la formation et de celui des jeunes talents. Ce sont des directeurs recrutés et payés par la Fédération. Ce dont ne peut se prévaloir Laïb. On peut penser qu'il peut passer pour le directeur méthodologique chargé des équipes mais même là, la mission lui échappe. On voit mal, en effet, l'intéressé «assister les entraîneurs nationaux aux plans de la méthodologie d'entraînement et de la détermination des contenus des stages de préparation» ou de «définir, en relation avec les entraîneurs nationaux, les plans de préparation individuels que doivent suivre les athlètes des équipes nationales au sein de leurs clubs» comme cela est indiqué dans le règlement intérieur de la FAF en matière de missions à accomplir. En revanche, un Saâdane, enseignant à l'Ists, entraîneur et formateur peut répondre à ces critères, encore que nous nous garderons d'affirmer qu'il est la solution idéale pour notre football. La crise qui sévit dans cette discipline est si critique qu'il nous semble que ce n'est pas un seul homme qui va la tirer d'affaire. Il y a qu'il faudra bien responsabiliser quelqu'un pour s'occuper de ce domaine technique, mais sans s'occuper des équipes nationales comme le souhaite Laïb. C'est à Raouraoua qu'il reviendra de trouver celui qui acceptera une telle proposition qui fera de lui une moitié de DTN.