Il les aurait rassurés sur l'intention du gouvernement de continuer à soutenir la SNVI et toutes les entreprises économiques publiques. Les syndicalistes de la SNVI de Rouiba ont été reçus par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, dans son bureau, jeudi dernier, juste à la fin de la réunion consacrée aux conventions de branches. Selon des sources syndicales, le ministre a tenu tout de suite à éclairer les représentants des travailleurs de la SNVI sur ses dernières déclarations où il a évoqué des manipulations qui seraient derrière la poursuite du mouvement de grève. “Je ne visais pas le syndicat ni les travailleurs de la SNVI qui se sont montrés disciplinés et responsables lors de cette grève”, aurait expliqué le ministre à ses invités. Mais le représentant du gouvernement a réitéré, lors de cette rencontre, ses accusations contre ceux qui ne veulent pas que le produit national soit développé et qui ont des intérêts à ce que la SNVI arrête de fonctionner, aura-t-il précisé. La discussion avec les syndicalistes a également tourné autour de l'article 87 bis et de la retraite, comme elle a abordé le nouveau code du travail en cours d'élaboration. Le plan de charge octroyé récemment à la SNVI pour se développer davantage et améliorer les conditions de vie de ses travailleurs a été également évoqué. M. Louh aurait rassuré les syndicalistes sur le soutien qu'apporte et continue d'apporter le gouvernement à la SNVI et à toutes les entreprises économiques publiques. En accueillant les grévistes de la SNVI dans son bureau, le ministre a voulu certainement marquer à sa façon son implication dans le dénouement de ce conflit tout en tentant de soigner son image vis-à-vis des travailleurs de Rouiba qu'il avait déjà accusés une première fois de “s'agiter pour des problèmes personnels”, lorsque ces derniers avaient exigé, lors de leur premier regroupement, la reconduite de l'ordonnance de 1997 relative à la retraite sans condition d'âge. Chose qui a contribué au durcissement de la position des syndicalistes, lesquels ont décidé, quelques jours plus tard, de déclencher leur mouvement de grève de neuf jours. Le ministre a failli même “prolonger” cette grève en évoquant des “manipulations” sans préciser sa pensée, mercredi dernier, au moment même où une trêve et un dialogue ont été amorcés par l'union de wilaya UGTA d'Alger et l'union locale de Rouiba. Cette déclaration, qui a eu un impact très négatif sur le moral des syndicalistes et des travailleurs, a même failli faire capoter l'accord ayant eu lieu le même jour et qui a ramené le calme au niveau de la zone industrielle. Mais pour beaucoup d'observateurs, l'accueil réservé au syndicat de la SNVI de Rouiba par le représentant du gouvernement est un signe de reconnaissance à des travailleurs qui se montrés dignes et disciplinés tout au long du mouvement de grève. C'est pour la première fois dans l'histoire du mouvement syndical que des grévistes sont reçus, à l'issue d'un conflit, par un membre du gouvernement. Les syndicalistes de Rouiba, qui ont su encadrer comme il se doit cette grève dans une ambiance pourtant électrique, ont forcé le respect de beaucoup de gens. D'abord, ils ont battu en brèche les arguments de la Centrale syndicale et du gouvernement qui ont tous deux entretenu le flou autour de l'augmentation du SNMG en affirmant que plus de 70% des travailleurs seront touchés alors qu'ils ne sont que 3% seulement. Et en insistant sur la révision du 87 bis, une revendication qui a disparu curieusement du registre de revendications de la Centrale syndicale, les syndicalistes de Rouiba ont remis les pendules à l'heure. Car aucune augmentation du SNMG ne sera possible sans la modification de cette disposition. Cependant, ce conflit a mis a nu le fossé qui existe entre le sommet de l'UGTA et la base syndicale, comme il a révélé les limites d'un secrétariat de l'UGTA incapable de dialoguer avec ses adhérents. Heureusement qu'il y a cette perche tendue, à la dernière minute, par l'union de wilaya d'Alger qui a permis ce dénouement. Une preuve supplémentaire que le syndicat de la SNVI ne demandait que le dialogue. Une vieille revendication chère à l'UGTA.