Dans les coulisses du Palais des congrès à Paris, les membres des délégations algérienne et marocaine, sans doute instruites pour ne divulguer aucune information sur la rencontre, n'ont voulu faire aucun commentaire sur le tête-à-tête. Des sources proches de la délégation française présente au Sommet France-Afrique ont révélé à L'Expression qu'un tête-à-tête informel a réuni, hier, les chefs d'Etat marocain et algérien. Nos sources indiquent que l'entretien, qui a duré plus d'une heure, devait porter sur le dossier des frontières actuellement fermées entre les deux pays et la question du Sahara occidental, que le Maroc pose comme préalable à la redynamisation des institutions de l'Union du Maghreb arabe. Dans les coulisses du Palais des congrès à Paris, les membres des délégations algérienne et marocaine, sans doute instruites pour ne divulguer aucune information sur la rencontre, n'ont voulu faire aucun commentaire sur le tête-à-tête. Cependant, on croit savoir auprès de la partie marocaine que la présence du roi Mohammed VI au sommet, est en soi un élément qui plaide en faveur d'une rencontre informelle entre les deux chefs d'Etat. Du côté algérien, on nous a fait comprendre à demi-mots qu'il est fort possible que les deux hommes «puissent se croiser, d'autant qu'officiellement, il n'y a pas un important différend qui les obligerait à s'éviter l'un l'autre». Autant «d'indices» donc, qui viennent renforcer l'information que détient L'Expression sur ce tête-à-tête, sous les bons offices de la présidence de la République française qui joue, affirment nos sources, une carte stratégique majeure dans la région. En effet, un autre cadre de l'Elysée qui a requis l'anonymat, révèle que Paris mise beaucoup sur l'UMA et, partant, tente de trouver par tous les moyens un terrain d'entente entre l'Algérie et le Maroc. Un voeu que partagent les délégations tunisienne et mauritanienne qui ne nous cachent pas leur espoir de voir la rencontre entre Bouteflika et Mohammed VI déboucher sur quelque chose de concret. A ce propos, nos sources insistent sur le caractère secret de cette importante réunion qui, dit-on, ne sera pas sanctionnée par un communiqué commun et encore moins médiatisée. C'est là le voeu des deux chefs d'Etat qui ont préféré, affirment les mêmes sources, aplanir d'abord les dossiers lourds, en instance entre les deux pays, pour, ensuite, annoncer un véritable sommet en terre maghrébine. Ce dernier pourrait se tenir si tout se passe bien dans les semaines à venir. Dans les allées du Palais des congrès, les diplomates ne semblent pas enclins à croire à un réchauffement spectaculaire des relations entre Alger et Rabat. Des experts rencontrés en marge du sommet estiment qu'au mieux la rencontre permettra de trouver les mécanismes de relance de l'UMA, mais la question du Sahara occidental demeurera tout de même pendante jusqu'à ce que l'ONU ait tranché d'une manière ou d'une autre. Ces mêmes experts précisent que la position algérienne qui ne souffre aucune équivoque ne peut être plus souple qu'elle ne l'est actuellement. C'est plutôt au Maroc, affirme-t-on, de reconnaître le bien-fondé de séparer la question sahraouie de la relance de l'UMA. Sur ce sujet, les diplomates marocains montrent quelque nuance dans le discours, mais n'omettent pas de soulever la problématique de la réouverture des frontières fermées en 1994 par l'Algérie en réaction à l'établissement du visa d'entrée par la partie marocaine. Ce qui appelle un certain optimisme de la part de leurs collègues algériens. Aussi, espère-t-on un assouplissement de la position marocaine sur le dossier du Sahara occidental, sous réserve de l'acceptation algérienne de mettre fin à la fermeture des frontières entre les deux pays. Il semble que ce soit là le deal que propose le Maroc à l'Algérie (c'est dit à demi-mots en tout cas) pour un retour efficient du Maroc à la table de l'UMA.