Le 13e sommet des non-alignés s'ouvre aujourd'hui à Kuala Lumpur. Le 13e rendez vous des non-alignés se tient à partir d'aujourd'hui dans la capitale malaisienne, Kuala Lumpur. D'emblée, le mouvement se trouve face à une situation explosive dans une des régions dont sont issus nombre de sa composante: le Moyen-Orient avec en point d'orgue le conflit proche-oriental et la menace de guerre américaine contre l'Irak. Dans ce contexte, les experts du mouvement d'abord, la commission ministérielle ensuite, ont planché sur les dossiers qui seront examinés aujourd'hui par la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement du mouvement des non-alignés. Le projet de déclaration a présenté quelques difficultés, notamment sur les points afférents à la menace de guerre contre l'Irak, et sur le nucléaire nord-coréen. Dans l'un et dans l'autre cas, des résistances se sont manifestées de la part de pays qui estimaient notamment par trop favorable à l'Irak, le module soumis à l'attention de l'Assemblée. Aussi, des amendements ont-il été proposés pour avoir un texte plus représentatif de la divergence d'opinion traversant le non-alignement. Le projet, initial, proposé par le groupe arabe, demandait que le mouvement «rejette catégoriquement les menaces d'un recours unilatéral à la force» exprimant dans le même temps son «soutien et sa solidarité avec l'Irak à l'égard d'une agression possible». De fait, beaucoup de pays ne se sentaient pas en phase avec une déclaration jugée, par certains, trop favorable à une partie par rapport à l'autre. Le non-alignement, loin d'être un mouvement homogène, présente plutôt un ensemble à tout le moins hétérogène, regroupant outre les monarchies absolutistes du Golfe aux communistes coréens et cubains, singulièrement, en passant par toutes les nuances de l'arc-en-ciel politique. Toutefois, il était attendu à ce que les non-alignés produisent une déclaration assez forte traduisant le sentiment général du mouvement contre une certaine forme d'unilatéralisme qui a tendance à effacer la multiplicité d'opinion gage de la stabilité et de la sécurité internationale. De fait, un consensus semble avoir été trouvé eu égard à la nouvelle mouture de la déclaration laquelle met en exergue le fait qu'«une guerre contre l'Irak serait un facteur de déstabilisation de toute la région et qu'elle aurait des conséquences humanitaires, économiques et politiques pour tous les pays du monde» La déclaration indique en outre que «nous réaffirmons notre engagement à mobiliser nos efforts afin de trouver une solution pacifique à la situation actuelle. Nous saluons et soutenons tous les efforts exercés afin d'éviter la guerre contre l'Irak et demandons leur poursuite constante sur une base multilatérale par opposition aux actions unilatérales et réaffirmons le rôle central des nations unies et du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et la sécurité internationale». Ce sur quoi s'est appesanti le vice-Premier ministre malaisien, Abdullah Amed Badawi, lequel ouvrant, samedi, la conférence de la Commission ministérielle insistera sur le fait que, «le monde dominé par une superpuissance unique, est traversé par un profond sentiment de malaise et d'incertitude dans l'avenir» Il affirma en outre: «Cette situation nous place aujourd'hui au bord d'un conflit, un conflit auquel les peuples du monde se sont opposés de manière claire et audible», relevant, le fait que «la voix collective de la majorité mondiale qui dit non à la guerre ignorée suggère que le monde n'est pas meilleur aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque le mouvement des non-alignés a été créé comme une solution de rechange aux blocs de l'Est et de l'Ouest pendant la guerre froide». Le dirigeant malaisien assurera en outre que «l'ordre international actuel menace également d'écarter la diplomatie multilatérale et de permettre des actions préventives unilatérales de décider de la sécurité du monde». Une pique à peine voilée en direction de Washington. Le ton semble ainsi donné, mais il faudra à l'évidence attendre la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement pour juger l'état d'esprit actuel du non-alignement et de sa capacité à peser sur les événements. Notons que la délégation algérienne à Kuala Lumpur est dirigée par le Président Abdelaziz Bouteflika.