Succédant à son père à la tête de la phalange El-Houda, Hacène Tewfik écumait, jusqu'à lundi dernier, les régions situées entre M'chedallah, Bordj Khriss et El-Yachir. Avant de rejoindre le maquis en 1994, l'imam Hacène Tayeb avait exercé successivement les fonctions d'imam et de fonctionnaire au sein des services des affaires religieuses de la wilaya de Bouira. Connu pour son appartenance à la mouvance islamiste, il sera interné pendant 18 mois à Reggane. Au retour, il fonde son premier groupe et rejoindra le maquis de Chréa, forêt qui surplombe son village natal: Thaourirt dans la daïra de M'chedallah. Jusqu'en 1995, il dirigera une phalange affiliée au Gspc en compagnie de son fils Tewfik. Cette année et à la suite d'une opération des forces combinées, le père tombera dans la circonscription de Thamalahth, un lieu de liaison entre Bechloul et Bordj Khriss. Ce dernier lieu s'illustrera en 1995 par la découverte d'un commandement régional et la mise hors d'état de nuire d'un réseau dirigé par un certain Bourahla (abattu), fils d'un ex-gendarme du temps de la Guerre de Libération nationale, et Z.Mohamed aujourd'hui résidant aux Etats-Unis d'Amérique. Profitant des vacances de la direction à la tête du groupe, Hacène Tewfik s'autoproclame émir et fonde la phalange El-Houda. Le groupe, qui était composé de plus d'une centaine d'éléments, implose pour le motif que de nombreux terroristes refusent d'être sous la coupe du fils. Ainsi, en 1997, l'attentat préparé pour abattre le wali et sa délégation dans la région d'Ahl L'ksar où une famille sera séquestrée pendant toute une nuit et où 7 éléments du Gspc seront anéantis, sera attribué à un groupe dirigé par Messaoudi alias Pipo un terroriste originaire de Bouira et un terroriste identifié à Jijel. Tewfik et ses hommes n'auraient eu à préparer que la logistique. L'autre preuve que le groupe s'était scindé en plusieurs sections est le fait que El-Harachi, un sanguinaire résidant à Ouled Bouchia depuis l'opération de recasement des habitants de Goriace à Alger, activant sous la coupe des Hacène, tentera de racketter les clients d'un relais à El-Esnam et sera abattu par la garde communale. La division et les luttes internes pour la succession profiteront à Tewfik qui émergera d'un groupe d'une vingtaine d'éléments au nom d'une règle monarchique, en organisant des opérations où les cibles seront des personnes isolées. A Thaourirt, deux gardes communaux seront assassinés et leurs armes dérobées. L'avènement de la concorde civile et la trêve décrétée par l'AIS accentueront la déchéance de l'émir et de son groupe puisque plusieurs éléments du groupe se rendront, réduisant sensiblement les effectifs de sa horde. L'assassinat du regretté Bourguiba à El-Adjiba sera le fait le plus important par lequel se distinguera la phalange El-Houda. Constatant le travail de réinsertion envers les membres de l'armée du salut entamé par l'imam repenti, Tewfik monte un coup et envoie ses sbires passer la nuit chez Bourguiba pour ensuite l'abattre. Le groupe s'illustrera aussi par plusieurs attentats à la bombe comme ceux de M'chedallah dont l'un coûtera la vie à deux commerçants, le dépôt d'un engin explosif dans la décharge d'El-Adjiba, l'assassinat d'un policier en février 1999 à Ahnif sans oublier les faux barrages. Depuis cet acte, la phalange s'éclipse, on parle alors de sa dissolution au profit d'une seriat relevant directement du commandement de Hattab, à la faveur des événements qu'a connus la région mais préférant activer ailleurs. Ainsi, on parlera de lui à Tamanrasset aux côtés du sinistre Belmokhtar. Dans la nuit de dimanche à lundi, un accrochage oppose les membres de la garde communale de Bechloul à un groupe de 12 terroristes. Les faits, selon notre source, remontent à 19h, quand le groupe a tenté de racketter les clients d'un relais sur la RN5. Sans attendre, la garde communale intervient et poursuit les terroristes. Au lieudit Imoula, à 2 kilomètres du chef-lieu de daïra en direction de la forêt de Chréa, les éléments des forces de sécurité rattrapent le groupe et un échange de coups de feu débute. Muni d'un pistolet-mitrailleur type Kalachnikov et d'un fusil de guerre, l'émir Hacène Tewfik sera abattu à 21 h 15. Les traces de sang retrouvées sur les lieux laissent présager d'autres pertes dans les rangs du groupe qui a rejoint la forêt de Chréa pour peut-être fuir vers les massifs denses de Bordj Khriss. Une source non confirmée parle du probable décès du nommé Guerrouaz, un natif de Bechloul qui avait, en 2000, à l'âge de 17 ans, rejoint le maquis. Dans les rangs des forces de sécurité, le nommé Guettal Abdallah de Ouled Rached a payé de sa vie son abnégation à lutter contre le mal. Un second garde sera touché aux jambes. La mise hors d'état de nuire de Hacène Tewfik laisse supposer la fin du calvaire pour les usagers de la RN 5 et des habitants du triangle compris entre Thaourirt, Bordj Khriss et El-Yachir dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, le terrain de prédilection du sinistre terroriste. La présidence de ce qui reste du groupe échouera à ne pas douter à son bras droit le nommé Abdelmalek Limam, un ancien terroriste originaire de la région. Dans la foulée, les services ont appréhendé deux individus soupçonnés de trafic d'armes. A l'autre extrémité de la wilaya, à Bouderbala les informations parlent de l'arrestation d'un intégriste qui s'apprêtait à rejoindre le maquis. Ces coups de filet des forces de l'ordre marquent le début de la fin pour les intégristes dans la wilaya de Bouira.