«Le secrétariat national prend acte de la déclaration du Chef du gouvernement, qu'il accueille, à ce stade, favorablement.» Pour le conférencier, le temps des discours est révolu, et pour cause «les quatre millions de travailleurs ayant adhéré massivement à notre mouvement attendent des engagements précis de la part du gouvernement sur l'ensemble de nos revendications». Appelé à élucider cette position du «oui, mais» pour le dialogue, M.Sidi Saïd précise que «sa déclaration ne pouvait être plus claire», et d'ajouter: «Nous avons tenu à nous comporter comme des gens bien éduqués.» Que dénote cette «précision»? La déclaration du conseil national constitue-t-elle un refus diplomatique à l'offre de Benflis? A priori non, dans la mesure où M.Sidi Saïd a insisté sur le fait que «M.Benflis est un homme de dialogue». Il s'agirait plutôt d'une «hésitation» au coeur de laquelle on retrouvera encore et toujours, les deux ministres, MM.Chakib Khelil et Hamid Temmar. «Le gouvernement a pris l'engagement solennel de retirer l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures et d'associer les partenaires sociaux dans tout processus de privatisation, mais cela n'a pas été respecté», précise M.Sidi Saïd qui adopte un ton des plus explicites. «Je n'arrive pas à comprendre le fait de maintenir un projet qualifié de simple brouillon par M.Benflis. Si c'est le cas, l'on demande qu'il soit jeté à la poubelle», s'est-il écrié. Avant d'ajouter: «Comment voulez-vous qu'on interprète la directive de M.Temmar adressée le jour même de la grève aux SGP?» Bref, le dialogue auquel a fait référence M.Benflis, semble s'ébrécher face à «l'entêtement» des deux ministres en question. L'Ugta conditionne-t-elle la reprise du dialogue au départ de ces deux ministres? «Nous ne sommes pas habilités à faire cette demande», réplique-t-il. Tout en indiquant (qu') «on peut être un bon technicien, mais un mauvais politicien». Quelle alternative propose la Centrale syndicale au programme de réforme économique proposé par le gouvernement? «Nous avons communiqué notre vision aux concernés à l'occasion de nos différentes correspondances.» Sur un autre chapitre, le SG de la Centrale syndicale s'est montré peu prolixe au sujet de la prochaine bipartite. Par ailleurs, il a tenu à préciser qu'il compte défendre bec et ongles les acquis arrachés à l'occasion de la précédente bipartite, notamment ceux négociés par les quatre groupes de travail. «Nous respectons les appréciations des uns et des autres, mais dire que l'Ugta a mené un mouvement politique, c'est violer la volonté de quatre millions de travailleurs ayant répondu à notre appel.» Très peu convaincu par cette réponse, le parterre de journalistes ayant assisté à cette conférence a focalisé son intervention sur cet aspect de la grève. Sidi Saïd finit alors par lâcher: «Toute action est politique, il faut d'abord définir de quel bord on est.» Une déclaration hautement politique, même si Sidi Saïd n'a pas défini son «bord». Appréhendant la question, le conférencier tire de sa chemise déposée sur la table le programme économique du Président Bouteflika, présenté lors de la dernière campagne à la présidence. «Dans ce document, il est clairement mentionné que la priorité sera donnée à la restructuration du secteur public et que la privatisation doit avoir un consensus au sein de la société.» Or, l'Ugta constate aujourd'hui le contraire. Doit-on comprendre par là que ce syndicat «fort d'un mandat de quatre millions de travailleurs» révisera sa position à l'occasion de la présidentielle de 2004? Après avoir précisé qu'il est encore «trop tôt» pour se prononcer sur la question, il précise: «Nous allons soumettre cette question à débat» toutefois, il a clairement expliqué qu'«il ne s'agit pas là de problème d'homme, mais de programme». A ceux ayant douté de ses capacités de mobilisation, à ceux aussi qui ont appréhendé les dérapages, Sidi Saïd dira: «Quatre millions de travailleurs vous ont répondu.» Deuxième exploit, «la reprise effectif du travail a été faite le 27 février», une manière de démentir les déclarations du SG du Snapap ayant affirmé que la grève a été réussie dans certains secteurs grâce à ses fédérations. Toutefois, le conférencier n'a pas daigné commenter la déclaration de M.Remdane selon laquelle le Forum des chefs d'entreprise n'a pas appelé à rejoindre la grève de l'Ugta. La grève, contrairement aux affirmations de Chakib Khelil, n'a pas paralysé le transport des hydrocarbures. «C'est un pur mensonge», clame Sidi Saïd qui a expliqué qu'en épargnant ce secteur, le syndicat a réitéré «son sens de responsabilité». «On nous aurait accusés de manipulation si on avait touché aux hydrocarbures.» Aux journalistes ayant fait allusion au syndrome vénézuélien, il répondra qu'«il n' y a ni Venezuela ni Chavez». Notons enfin que le taux de suivi de la grève générale a atteint les 93, 81%.