Il les a disséquées une à une, pendant quasiment toute la journée de mardi. Les quatre nouvelles dispositions contenues dans le projet de la révision constitutionnelle, c'est d'elles qu'il s'agit, ont fait l'objet d'un très long débat au sein du secrétariat politique du Parti des travailleurs. Lequel ne s'est pas prononcé sur la position à adopter, préférant laisser le soin au comité central, entré en conclave hier après-midi, de trancher la question. Cela, avant de débattre de nouveau de ces dispositions en conseil national prévu aujourd'hui à la mutuelle des travailleurs de la construction à Zéralda. Pour en revenir aux dispositions du projet de révision constitutionnelle, notons que Mme Hanoune a quelque peu laissé entrevoir ce qui pourrait être la position de son parti. En effet, et devant un parterre de journalistes, invités à la séance d'ouverture du comité central, la présidente du groupe parlementaire n'a pas opposé une fin de non-recevoir aux quatre amendements. A commencer par la préservation des symboles de la révolution. Elle qui se bat de tout temps pour la préservation et la sauvegarde de l'unité et de la souveraineté nationales. Concernant la garantie par l'Etat de la promotion des droits des femmes, l'oratrice reviendra sur le code de la famille qui maintient encore la femme au stade de mineure, au fait que l'Algérie n'ait pas levé les réserves lors de ratification de la convention contre toutes les formes de discrimination envers les femmes (convention de Copenhague). Elle s'attardera quelque peu sur les raisons qui empêchent les femmes de se consacrer, pour celles qui le veulent, à la politique ou au mouvement associatif, en précisant que le manque d'infrastructures et de crèches va à l'encontre de ses aspirations. «Nous ne sommes pas pour la promotion des femmes de manière artificielle.» Cependant, son parti attendra l'arrivée à l'APN de la loi organique inhérente à ce sujet pour en débattre longuement et faire ses propositions et autres amendements. La suppression de la limitation des mandats n'est pas sans réjouir le Parti des travailleurs. En effet, Mme Hanoune est revenue sur les conditions qui ont précédé à l'introduction de cet article (74) dans la Constitution de 1996, du temps du président Zeroual. «C'est un recul des acquis. Car la démocratie, ce n'est pas l'alternance pour l'alternance, ou encore le pouvoir à tour de rôle, sans changement de politique», dira la conférencière, avant d'ajouter : «La démocratie, c'est permettre au peuple de s'exprimer librement et choisir ses représentants et son président et lui donner le droit de les révoquer à n'importe quel moment, lorsqu'il estimera qu'ils ont failli au mandat pour lequel ils ont été élus. Le président Morales [le président bolivien, ndlr] n'a pas hésité à solliciter de son peuple un référendum révocatoire.» D'autre part, l'instauration du poste de Premier ministre ne semble pas gêner le Parti des travailleurs, dès lors que les prérogatives constitutionnelles de l'Assemblée ne sont pas remises en cause. «Même si elles ne les exercent pas.» Pour Mme Hanoune, le poste de Premier ministre permettra de mettre fin à la situation de bicéphalisme, où les contradictions entre les orientations du président de la République et leur exécution par le gouvernement sont visibles sur le terrain. En revanche, il aurait été dangereux que la révision constitutionnelle consacre le poste de vice-président. «Ce serait un régime à l'africaine et on n'en veut pas. Il n'y a qu'à constater ce qui se passe sur le continent.» Et pour mettre un terme aux différents écrits et autres déclarations selon lesquels Abdelaziz Bouteflika veut, à travers cette révision, instaurer un régime présidentiel, elle dira : «Mais nous sommes déjà dans un régime présidentiel, avec ses contradictions bien sûr.» Enfin, la secrétaire générale du parti, qui n'a pas affiché une opposition directe au projet de texte, a précisé que sa formation politique n'est pas «ultimatiste» et ne fait pas dans l'extrémisme. «Nous prônons tout ce qui est positif, tout ce qui peut aider à régler les problèmes.» Cela en attendant la Constituante, dont le PT en fait son cheval de bataille. F. A.