Les irakiens ont accepté, jeudi, le principe de la destruction des missiles Samoud 2. Bagdad a fini, après quelques tergiversations, admettre l'obligation de détruire les missiles suspect, Samoud 2, qu'il détient. Cette destruction pourrait commencer aujourd'hui selon des sources irakiennes. Quoique estimant «arbitraire» la demande de l'ONU qui ne tient «pas compte des faits scientifiques et techniques concernant ces missiles», Bagdad n'avait pas, à l'évidence, d'autres choix que de s'incliner. Cela d'autant plus que le chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, n'a pas caché, jeudi, que, selon lui, la coopération de Bagdad reste «limitée». La commission en désarmement de l'ONU a indiqué hier qu'elle «est en contact avec les autorités irakiennes, via ses canaux à Bagdad, (...) pour clarifier cet accord et commencer les mesures de destruction». M.Blix avait exigé le 21 février la destruction de ces missiles lesquels dépasseraient les normes fixées par le Conseil de sécurité, rappelle-t-on. Dans une première réaction, Paris s'est félicité hier de la décision de Bagdad d'obtempérer à la demande de l'ONU. Alors que la communauté internationale dans son immense majorité est maintenant convaincue qu'il est possible de désarmer pacifiquement l'Irak, Washington, a contrario, ne partage pas cet avis et juge, quoiqu'il soit isolé sur cette question, que la guerre reste la seule alternative. Ainsi, le président Bush déclarait hier dans une interview au quotidien USA Today: «Mon opinion sur Saddam Hussein est que s'il avait la moindre intention de désarmer, il l'aurait fait.» «Nous allons le désarmer maintenant», assurant: «Repousser une décision (à ce sujet) veut dire qu'il y aura des sacrifices plus grands (à faire) à l'avenir.» Ce qui n'est pas le sentiment de la France notamment, dont le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, réitère que «la légitimité que donne le droit international est centrale. On voit bien aujourd'hui que le calendrier militaire américain n'est pas en phase avec le calendrier de la communauté internationale, qui considère dans sa majorité que les inspections peuvent réussir», précisant: «Nous avons obtenu des informations par le biais des Irakiens, nous avons pu les vérifier. Et nous entrons dans le troisième stade, celui de l'élimination.» Le ministre français ajoute «Il serait paradoxal qu'une résolution ouvre les portes à la guerre alors que les inspections donnent des résultats.» A propos de la possibilité pour la France d'user de son droit de veto, M.de Villepin indique: «La France veut garder toute sa liberté d'appréciation et d'action.» Plus tranchant le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, en visite à Pékin, ne laisse planer aucun doute: Moscou optera pour le droit de veto. Le chef de la diplomatie russe dira en effet, lors d'une conférence de presse à Pékin, que «la Russie a un droit de veto. Si cela est nécessaire pour préserver la stabilité dans le monde, la Russie fera usage de son veto». Le débat tournait autour du nouveau projet de résolution déposé mercredi par la Grande-Bretagne et cosigné par les Etats-Unis et l'Espagne, et le mémorandum de la France, la Russie et l'Allemagne, cosigné par la Chine. Après plusieurs heures de débat, jeudi, les membres du Conseil de sécurité ne sont parvenus à aucun accord de consensus sur les deux textes. Le projet présenté par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne lequel, au cas de son adoption par le Conseil de sécurité, donnerait le feu vert à la guerre, n'a pas réussi à convaincre et rallier les douze autres membres du Conseil. Face à la détermination de la communauté internationale à éviter le conflit, le président Bush avait clairement laissé entendre, dans l'interview à USA Today sus-citée, qu'«il se passerait d'une approbation de l'ONU» (pour déclencher le conflit), se référant au débat actuellement en cours au Conseil de sécurité.