Les «forces alliées» sont intervenues, hier à Bagdad, pour contrôler les importants sites pris d'assaut par des pilleurs. Un calme fragile commence à gagner progressivement les villes irakiennes au 24e jour de la guerre. La situation à Kirkouk, une ville pétrolière du nord de l'Irak, a retrouvé le calme après une journée de chaos et les combattants kurdes ont commencé à s'en retirer selon un commandant militaire de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). A Mossoul, la principale ville du nord de l'Irak, ayant été conquise vendredi sans combat, grâce à un accord de cessez-le-feu signé avec le commandant du 5e corps d'armée irakien, le calme semblait également revenir progressivement hier après deux jours de pillage. Vendredi une quinzaine d'Irakiens (Kurdes et Arabes) ont été tués et au moins 200 blessés par les tirs de membres des deux communautés. Par ailleurs, la situation à Bagdad ne semble pas aller vers l'amélioration. Les pillards ont poursuivi leur oeuvre, s'attaquant aux hôpitaux et même au musée de l'archéologie. «Bagdad demeure un endroit dangereux», a déclaré le général de l'armée de l'air Victor Renaurt, selon lequel les forces américano-britanniques «couvrent désormais 50 à 60 % du territoire irakien». Par ailleurs, selon la télévision irakienne remise en service par les coalisés, des affrontements ont eu lieu entre des membres des Moudjahidine du peuple, principal groupe de l'opposition armée iranienne basée en Irak, et des combattants irakiens. Les combats, indique la même source, qui se sont déroulés dans la région désertique d'Al Saâdiya à 160 km de Bagdad, ont fait cinq mort. Toujours à Bagdad, une intense fusillade a été entendue en fin d'après-midi près de l'hôtel Palestine. Les marines, postés près de l'hôtel, ont échangé des tirs d'armes automatiques avec des hommes armés non identifiés pendant une dizaine de minutes. Un colonel des marines, chargé du maintien de l'ordre dans la ville, avait expliqué que l'armée américaine demandait à la police de Bagdad de reprendre son travail. De son côté le département d'Etat américain a annoncé, pour sa part, l'envoi dans les prochaines semaines de près de 1200 responsables policiers, consultants en sécurité publique et experts judiciaires en Irak, afin d'aider à restaurer l'ordre dans le pays après la fin de la guerre. Sur le terrain, les forces américaines ont saisi 15 avions de combat irakiens ainsi qu'un missile prohibé Al Samoud, a indiqué le porte-parole du Commandement central américain (Centcom) au Qatar. Le missile a été découvert vendredi avec cinq rampes de missiles mobiles dans Bagdad «à la suite d'un renseignement». Par ailleurs, 59 militaires irakiens ont été arrêtés. «Ils ont tenté de quitter le pays par l'ouest et transportaient des avis promettant des récompenses à qui tuerait des soldats américains», a annoncé le porte-parole du Centcom au Qatar. Après avoir joué le rôle d'observateur, les «forces alliées» sont intervenues hier à Bagdad pour contrôler les importants sites pris d'assaut par des pilleurs. La principale station d'approvisionnement en eau de Bagdad a pu être sécurisée, et son grand hôtel Medical City Hospital l'a été partiellement. Sur un autre front, la coalition américano-britannique poursuit «ses efforts inlassables» pour prendre la ville de Tikrit, l'un des derniers bastions des forces loyales à Sadam Hussein, a annoncé le porte-parole du Centcom. «La campagne aérienne se poursuit au nord de Bagdad» indiqué le général Vincent Brooks. Tikrit fief de Saddam, à quelque 170 km de Bagdad «est l'un des secteurs où nous pensons que peuvent se trouver des forces du régime», ajoute ce dernier. «Nous avons besoin d'y aller physiquement», a-t-il indiqué en référence à la campagne de bombardements aériens préparatoires à un déploiement terrestre. Les services de renseignement américains indiquent, selon la presse américaine, avoir intercepté des communications entre anciens dirigeants irakiens qui suggèrent que Saddam a été tué lors du raid aérien mené lundi contre un bâtiment à Bagdad. Pour sa part, le président Bush, après une visite à des soldats américains blessés en Irak, a déclaré: «Je ne sais pas s'il est mort ou vivant, ce que je sais c'est qu'il n'est plus au pouvoir.» Hier, le conseiller scientifique de Saddam, le général Amer Al-Saâdi, qui figure sur la liste des dirigeants recherchés «morts ou vifs» par les Etats-Unis, s'est rendu à Bagdad aux forces américaines. Il s'agit de la première reddition volontaire d'un des hauts responsables du régime. Le scientifique a dit n'avoir aucune information sur le sort de Saddam. Il a démenti que l'Irak disposait d'armes biologiques ou chimiques. Notons enfin que selon le dernier bilan communiqué par le Pentagone, au total, 107 soldats de l'armée américaine ont été tués depuis le début de la guerre en Irak.