Son oeuvre littéraire est le reflet de ce qu'a enduré le peuple algérien durant une période décisive de sa vie... Romancier et anthropologue, Mouloud Mammeri est l'un des intellectuels algériens les plus importants du XXIe siècle. L'auteur de La colline oubliée, son célèbre roman, Le sommeil du juste ou encore L'opium et le bâton, était un homme réservé, mais un passionné d'écriture et de recherche dans le domaine amazigh dont il tendait à restituer fidèlement la culture à travers ses nombreux travaux anthropologiques et linguistiques. L'amazighité, une notion qu'il souhaitait rétablir dans l'espace culturel national. L'auteur de la pièce Le banquet était un être complexe qui s'était voué à la cause berbériste. L'enfant de Taourirt Mimoun était un grand «décrypteur» de civilisation, un philosophe et un profond penseur, un érudit qui aimait s'adonner à la recherche esthétique et linguistique. Da L'Mulud était non seulement francophone, maîtrisant le français et l'anglais, mais aussi un latiniste fort apprécié, grâce à une «formation remarquable» qu'il a eue en latin et grec. Né en 1917 à Ath Yenni et mort le 25 février 1989 dans un accident de voiture, il aura consacré sa vie à lutter avec les armes des idées pour la liberté de création et d'expression. Réhabiliter une «identité nationale longtemps infirme de son amazighité», tel était son cheval de bataille. Sa vie aura été aussi douce que mouvementée, jalonnée d'étapes cruciales dans l'histoire de l'Algérie qui commence par la Première Guerre mondiale et finit avec les événements d'Octobre 88, en passant par la Seconde Guerre mondiale qu'il a faite en tant que soldat mobilisé et la Guerre d'Algérie à laquelle il a également pris part en faveur de l'Indépendance. De tout cela, d'aucuns retiendront son attachement profond à la liberté. Treize ans après sa mort, force est de constater que ses idéaux sont toujours d'actualité et suscitent autant si ce n'est plus encore de réflexion. C'est à cet «homme, qui avait la sensibilité du poète et à cet intellectuel perspicace et lucide», que nous devons cela. Pour lui rendre hommage, l'Association de culture berbère (ACB) a organisé, hier, une rencontre autour de ce grand écrivain et anthropologue, consacrée à l'étude de son oeuvre et à laquelle ont pris part des universitaires, poètes et anthropologues et notamment le chanteur Idir.