Le nouvel ordre mondial édicte aux pays culturellement, géographiquement et économiquement proches, de faire bloc pour survivre. Américains et Français se disputent des zones d'influence dans le cadre de la mise en place du nouvel ordre mondial. L'Algérie, dans ce cadre précis, constitue un pivot stratégique et incontournable dans le redéploiement des deux capitales, Washington et Paris. L'intérêt américain ne s'est pas seulement manifesté vis-à-vis des hydrocarbures, comme ont eu tendance à le croire certains observateurs. Le Président Bouteflika, qui a entrepris une offensive diplomatique très vaste, a lui-même tenu à préciser en direction des politiques et hommes d'affaires étrangers qu'il n'y avait pas que du pétrole en Algérie. Les Américains, depuis quelques années, plus précisément depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien, ont clairement fait cas de leurs intentions de se rapprocher de notre pays et de collaborer avec lui dans différents domaines. Les attentats tragiques du 11 septembre 2001 ont précipité les choses puisque depuis cette date, le triomphe des thèses algériennes par rapport à ce «fléau mondial» a poussé les Américains à s'impliquer davantage dans leur assistance technique et militaire dans la lutte antiterroriste alors que les connaissances et expériences algériennes leur ont été, bien souvent, d'un très précieux secours. Mais, la contre-attaque française, sous le règne du néo-gaullisme, ne s'est guère fait attendre. Le président Chirac, qui a, à plusieurs reprises, rendu de vibrants hommages à son homologue algérien pour ses efforts déployés en faveur d'une refondation des relations entre les deux pays, a mis le paquet lors de sa visite d'Etat de trois jours en Algérie. Il a, en effet, mis en chantier la ratification d'un traité qui entrerait en vigueur une fois adopté par les Parlements et, accessoirement, par les peuples des deux pays. Cette marque d'estime et de distinction placerait, une fois accomplie, l'Algérie au même rang que les Etats de la Communauté européenne. Ce n'est, du reste, pas sans raison que le président français a évoqué le soutien de l'UE à notre pays, mettant bien en évidence le drapeau de la Communauté à côté de celui de son pays. La proximité entre Alger et Marseille arrange grandement ce rapprochement et la politique nouvelle entre les deux pays, basée sur «un respect mutuel» et «des échanges fructueux» favorable aux deux pays. Outre la proximité géographique, les convergences linguistiques, historiques et même économiques plaident toutes en faveur d'un partenariat soutenu entre ces deux Etats en particulier, et entre les pays du Maghreb et ceux de la Communauté européenne en général. La participation du Président Bouteflika au sommet de la francophonie a été un geste très fort en ce sens. Un geste historique en somme, comme celui de la visite d'Etat du président français à Alger et la déclaration d'intention qui en a résulté. Le premier pas en faveur de l'établissement de cette relation privilégiée, susceptible de supplanter les ambitions américaines, a été accompli, a tenu à le reconnaître le président français, par Bouteflika en juin 2000 lors de sa visite d'Etat à Paris. Depuis, les signes de rapprochement entre les deux pays n'ont cessé de se multiplier, encouragés, il est vrai, par un farouche partisan de la doctrine gaulliste qui n'est pas pour déplaire au monde arabe et aux Etats dits du tiers monde. Les deux chefs d'Etat, qui savent que les embûches sont nombreuses sur leur chemin, ont convenu de multiplier les rencontres à tous les niveaux afin d'accélérer la mise en place du traité d'alliance entre Alger et Paris. Chirac dispose de plusieurs années confortables, sans possible cohabitation avec la gauche dont la duplicité vis-à-vis de l'Algérie a toujours freiné ce genre d'initiatives. Du côté de l'Elysée et de Matignon, donc, rien ne devrait contrecarrer ce projet. En Algérie, Bouteflika a affiché assez clairement son intention de ne pas se retirer à l'expiration de ses cinq années à la tête de l'Etat algérien. Ne pouvant, en effet, s'arrêter en si bon chemin, il était attendu qu'il briguât un second mandat afin de parachever toutes les oeuvres entamées par lui. Les Américains, qui ne resteront pas inactifs pendant ce temps, pourraient lâcher encore du lest en faveur de l'Algérie ce qui ne peut qu'être bénéfique au peuple et au pays. Que Alger soit courtisée de cette manière a de quoi rendre fier plus d'un Algérien en effet...