L'Irak, un épisode de la domination du monde par l'empire américain. La haine de l'Amérique se nourrit du discours des dirigeants qui se sont succédé à la Maison-Blanche. Le capital sympathie né au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 s'est réduit comme peau de chagrin après les opérations de l'armée d'occupation israélienne dans les territoires palestiniens ou encore les dérapages du contingent américain engagé en Afghanistan. Cela, les dirigeants américains en sont conscients, c'est pourquoi ils tentent de jouer sur la corde sensible des gouvernements en plaçant leur action dans le cadre d'une lutte sans merci contre le terrorisme sous la bannière de la communauté internationale. Les Américains, libérés des contraintes du bicéphalisme qui caractérisait le monde avant l'effondrement du bloc de l'Est, veulent imposer un nouvel ordre mondial où ils se tailleront la part du lion. En se lançant dans cette vaste opération de conquête des espaces d'influence, les Etats-Unis se sont appuyés sur leurs relais à travers les cinq continents. Pour ce faire, ils ont agité, au lendemain des attentats du World Trade Center, le spectre de l'internationale terroriste avec comme axiome Al-Qaîda de Ben Laden. Certes, les capacités de nuisance des groupes de cette nébuleuse sont énormes, mais les USA, lancés dans leur quête d'un bouc émissaire pour justifier leurs velléités guerrières, ont pointé un doigt accusateur vers Ben Laden et ses alliés. Au milieu des années 70, quand les sentiments de haine envers l'impérialisme US étaient à leur comble, Carlos, sans avoir de liens avec les guerriers des Tupamaros, ceux des Brigades, rouges, d'Action directe ou de la bande à Baader, pouvait compter sur leur appui tant logistique que matériel. Mais cela ne veut en aucun cas dire que toute cette profusion de groupes avait des liens ou qu'un cordon ombilical les unissait. Leur seul dénominateur commun était : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Cela voudrait dire, en un mot comme en mille, que les groupes extrémistes de gauche, disséminés à travers l'Europe se nourrissaient de la même mamelle : celle qui leur inocule la haine de l'Oncle Sam qui venait de perdre sa guerre au Vietnam et de s'extirper difficilement du bourbier indochinois. Aujourd'hui, les Etats-Unis ont construit un autre mythe et un autre risque pour justifier toutes leurs actions militaires à venir. La chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc de l'Est a plongé les Etats-Unis dans la crainte de voir surgir d'autres forces de polarisation autour desquelles pourrait se cristalliser la haine que leur vouent les opprimés du monde. Pour eux, le temps presse, car avec le réveil de la Chine, ou encore l'émergence de l'Europe unifiée, qui contrôlerait de nouvelles zones d'influence, surtout dans les sphères laissées en jachère après la disparition de l'ex-Union soviétique. C'est ainsi qu'est né le recours aux épouvantails pour justifier toutes les initiatives guerrières de l'Oncle Sam. Pour appuyer cette vision des choses, les stratèges de la Maison-Blanche ont trouvé l'astuce: jouer au pyromane et au pompier en même temps. C'est ainsi, au Proche-Orient, ils ont cautionné toutes les dérives de l'Etat sioniste tout en étant un des garants des accords d'Oslo et le processus de paix garantissant le droit des Palestiniens à un Etat souverain. Ils sont arrivés au point, pour asservir les régimes arabes, de faire voter par le Congrès le transfert de l'ambassade américaine à El-Qods occupée, un parjure historique, lourd de conséquences sur le plan humain, mais porteur sur le terrain politique. Ainsi, ils cautionnent tout soutien à un processus de paix au Proche-Orient et de toute action qu'ils envisageraient dans le monde. Le pétrole constituant la finalité de toutes les gesticulations américaines. Le contrôle des puits de pétrole du Moyen-Orient et ceux dans le sous-sol des territoires nés de l'implosion de l'ex-URSS est devenu une nécessité vitale pour l'économie américaine soumise au «dumping» des produits sud-asiatiques. A l'époque de l'Administration Reagan, le Sénat avait voté une loi pour préserver le produit américain en érigeant des barrières fiscales devant les produits venus du Sud-Est asiatique. Mais Japonais et Sud-Coréens ont su contourner cet obstacle en profitant des brèches ouvertes par la politique de délocalisation dans laquelle s'étaient lancées plusieurs entreprises multinationales, américaines ou européennes, en butte à des difficultés financières générées par les coûts de production. Cette situation a poussé au pourrissement en matière économique et les Etats-Unis usant de mille et une crises financières, tantôt en agissant sur les taux d'intérêt du Trésor, tantôt en jouant sur la valeur du dollar n'ont réussi qu'à exacerber encore plus les difficultés des entreprises américaines. Les attentats du World Trade Center sont venus à point nommé pour apporter un brin d'espoir aux financiers américains qui y ont vu une aubaine pour mettre en branle leur programme du contrôle hégémonique des ressources qui leur échappent. La machine de guerre a de tout temps servi les intérêts des multinationales contrôlées par les familles de la grande finance internationale. Il fallait une étincelle, un bouc émissaire et une conjoncture pour voir le complexe militaro-industriel prendre en main les choses. Aujourd'hui, envoyer un corps expéditionnaire en Irak ou ailleurs dans le monde devient une nécessité pour les Etats-Unis et l'alliance chrétienne qui soutient l'Administration Bush et qui prépare le lit à l'émergence d'une coalition qui aura à régenter sous son ordre, une Europe affaiblie, ne parvenant pas à se créer une politique étrangère cohérente, et le reste du monde soumis aux lois du FMI et de la globalisation. La guerre qui s'annonce en Irak n'est finalement qu'un épisode dans le long feuilleton qui a pour finalité la mise du monde sous la botte de l'ordre américain.