Ces derniers jours, la spirale de la violence a repris dans les territoires palestiniens occupés. De vastes opérations militaires israéliennes ont été entreprises jeudi à l'aube, par l'armée d'occupation israélienne, contre le camp de réfugiés palestiniens de Jabalya dans la bande de Gaza. Cette opération, qui a occasionné la mort de 11 Palestiniens et provoqué des blessures à 140 autres, vient, rappelle-t-on, après l'action kamikaze de la résistance palestinienne, mercredi, à Haïfa, au Nord d'Israël, marquée par la mort de 15 Israéliens. Cette recrudescence de la violence suit une période d'une certaine accalmie des actions palestiniennes, alors même que les agressions israéliennes n'ont, elles, jamais cessé. Il ne se passait pas de jours, ces dernières semaines, sans que les soldats israéliens fassent des incursions dans un camp ou un autre tuant un à deux Palestiniens au passage. Cela devant le mutisme total de la communauté internationale, lorsque, depuis près de deux mois, les mouvements de résistance palestiniens observaient une sorte de trêve en gelant les opérations kamikazes en Israël. Cette retenue des Palestiniens a, a contrario, encouragé les tenants de la force israéliens à redoubler de férocité contre un peuple désarmé et sans défense. Que peuvent les Palestiniens contre les chars et les blindés israéliens? Que peut ressentir une population qui voit chaque jour son pays détruit un peu plus par une armée d'occupation qui démolit délibérément leurs maisons et les sièges de leurs institutions? Le gouvernement Sharon a entrepris de détruire méthodiquement tant le processus de paix, aujourd'hui enterré, que toute possibilité pour les Palestiniens de créer leur Etat dans des conditions, sinon normales, à tout le moins acceptables, et cela face à la passivité internationale, pourtant prompte à réagir lorsque ce sont les Palestiniens qui commettent leurs actions de résistance. Le fait est là: la communauté internationale, qui n'a jamais hésité à condamner les actions de la résistance palestinienne, se contente de déplorer du bout des lèvres les menées criminelles de l'armée israélienne. Comme vient encore de le faire la présidence grecque de l'Union européenne. Dans un communiqué, la présidence grecque indique que «l'Union européenne déplore fortement l'utilisation sans discrimination de la force par les forces de défense israéliennes qui ne font que renforcer le cercle vicieux de la violence» Cela dit pour reconnaître immédiatement, «(...) le droit à Israël d'assurer la sécurité de ses citoyens (...)» passant sous silence le fait que c'est Israël qui occupe, ou réoccupe, un territoire étranger. Hier, des unités de l'armée israélienne, disposant d'une soixantaine de blindés et de bulldozers, s'est positionnée dans le nord de la bande de Gaza à proximité du camp de Jabaliya - où l'armée israélienne a mené jeudi des opérations de représailles contre la population palestinienne - non loin des localités de Beit Lahia et de Beit Hanoun. Dans un communiqué publié jeudi, peu après l'attaque contre le camp de Jabaliya, l'Autorité palestinienne s'est élevée contre «le terrorisme organisé israélien contre notre peuple (...), ses terres et ses lieux sacrés, chrétiens et musulmans, dépasse tous les qualificatifs». Le même communiqué, rendu public par l'agence de presse palestinienne Wafa, indique que «les autorités d'occupation israéliennes exploitent la situation et le silence internationaux pour intensifier la répression contre les Palestiniens». C'est cette indécision, voire la pusillanimité, de la communauté internationale, sur le dossier proche-oriental, qui a encouragé les faucons israéliens à la pratique de la terre brûlée, espérant résoudre le problème, en organisant la terreur pour inciter les Palestiniens à un nouvel exode, soit par la destruction et la démolition de leurs habitations pour essayer d'obtenir le même résultat. Et la réoccupation des territoires autonomes va dans le sens de ces objectifs et de l'affaiblissement de la résistance palestinienne ou le renoncement des Palestiniens à leur droit de vivre libre dans leur Etat indépendant. Aussi, il appartient aux Nations unies et à la communauté internationale, de démentir les prétentions d'Israël par le recadrage du problème dans son contexte de décolonisation d'une part, d'application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit israélo-palestinien d'autre part. Il est étrange, en effet, que l'on veuille faire se conformer l'Irak aux résolutions de l'ONU, quand rien de tel n'est exigé d'Israël qui, depuis plus d'un demi-siècle, nargue les Nations unies et la communauté internationale.