A quel jeu joue la communauté internationale plus que jamais impuissante à faire cesser les exactions israéliennes. Des morts, encore des morts et toujours des morts. Dans les territoires palestiniens occupés c'est la spirale infernale, attaques représailles-contre-attaques, qui ponctue la marche des jours, avec, dans son sillage, des morts souvent, pour ne pas dire toujours, des civils, singulièrement du côté des Palestiniens. A moins bien sûr de considérer, - à l'instar de Sharon et des extrémistes israéliens -, l'ensemble du peuple palestinien, comme étant un peuple terroriste, du seul fait qu'il se bat pour son droit. En vérité, c'est à cette extrémité, à ce cercle vicieux, dans lequel Israël a fourvoyé et enfermé la communauté internationale, que nous sommes arrivés. Il est, en fait, vain de se lamenter sur les violences qui, depuis plus de deux ans, sont outre, le fait quotidien du Proche-Orient, ont aussi endeuillé de nombreuses familles palestiniennes et israéliennes. L'opération kamikaze de jeudi dernier à Jérusalem-Ouest, qui occasionna onze morts israéliens, n'est, en réalité, que la résultante de l'impuissance des Nations unies, et subséquemment, de la communauté internationale à imposer à Israël l'application des résolutions du Conseil de sécurité toujours en attente d'exécution par l'Etat hébreu. Israël qui, dans le dossier proche-oriental, a choisi la force, à l'exclusion de toute autre alternative, comme vecteur de sécurité, a plongé de fait les deux pays (Israël et les territoires palestiniens occupés) dans un bain de sang dont nul ne peut aujourd'hui dire où cela va finir. En ne condamnant pas les opérations criminelles de l'armée israélienne d'occupation à Jénine, ou un crime de guerre et un crime contre l'humanité y ont été commis, à Naplouse, à El-Khalil ou encore à Ramallah, où le président Arafat est devenu une sorte de marionnette entre les mains de l'occupant israélien, a laissé le champ libre à un gouvernement qui a fait de la seule force le socle de sa politique dans les territoires occupés. Sharon vient encore de confirmer cette option en déclarant avoir «(...) donné ordre et consigne aux forces de sécurité de prendre toutes mesures pour frapper (ceux qui nous frappent) ceux qui leur viennent en aide, leurs commanditaires», soulignant: «Telle est la politique du gouvernement et elle sera exécutée.» Ainsi, en représailles l'armée israélienne a réoccupé, vendredi, la ville de Bethléem réoccupant de la sorte, de nouveau, l'ensemble de la Cisjordanie. Par ailleurs, lors d'un accrochage avec les Palestiniens à Jenine, l'armée israélienne a tué un employé britannique de l'Unrwa, (Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens) Ian J Hook. Celui-ci était à Jenine pour évaluer la reconstruction du camp de Jénine détruit en avril dernier par l'armée israélienne. Ce qui amena les protestations du chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, de même que celle du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui a dit sa «préoccupation et son trouble». Le bureau du porte-parole de M Annan, a rendu publique, hier, une déclaration dans laquelle le secrétaire général de l'ONU indique que «l'ensemble des circonstances entourant cet événement n'ont pas encore été établies mais qu'il est profondément troublé par le fait que l'armée israélienne a refusé à une ambulance, appelée par l'Unrwa, l'accès immédiat à M.Hook qui était décédé par la suite avant d'avoir pu être transporté à l'hôpital». Selon la radio publique israélienne, - qui confirme les déclarations de l'hôpital où a été transporté le sujet britannique-, la mort a été causée par les tirs d'armes de soldats israéliens. Ces mêmes soldats qui ont entrepris hier une vaste opération à Kabatieh au Nord de Jénine. Plutôt que de condamner comme il se devait cette politique de la terre brûlée, Washington a surtout incité Israël à «finir vite» ses opérations militaires tel qu'il apparaît dans la déclaration lue par Philip Reeker, porte-parole adjoint du Département d'Etat. Après avoir condamné sans nuance l'opération kamikaze de Jérusalem-Ouest, Philip Reeker déclare: «Nous demandons également aux Israéliens, dans le cadre de leurs opérations, de garder à l'esprit les conséquences de leurs actes, de terminer ces opérations (en Cisjordanie) aussi vite que possible et de prendre des mesures pour éviter qu'il y ait d'autres victimes civiles.» Une confirmation, indirecte certes, que les opérations qu'entreprend ponctuellement Israël contre la population palestinienne sont illégales, mais aussi un encouragement à l'intransigeance israélienne. Israël occupe un territoire qui ne lui appartient pas et c'est cette population palestinienne, placée sous le joug de l'armée israélienne, qui est chargée de tous les maux dans lesquels se débat la région. Et cela parce que la communauté internationale et les Nations unies ne veulent pas prendre sur elles d'imposer la séparation entre les deux belligérants israéliens et palestiniens par le déploiement d'une force d'interposition internationale. Dès lors, à quel jeu joue la communauté internationale alors que la solution existe, mais que ces mêmes instances internationales ne veulent pas l'imposer à Israël qui, pour sa part, refuse l'érection d'un Etat palestinien indépendant.