Au niveau de l'aéroport d'Alger, la colère des passagers a atteint son paroxysme. Le personnel navigant d'Air Algérie refuse de monter à bord des Boeing 737-200. Le motif est directement lié au crash de jeudi dernier qui a coûté la vie à 102 passagers. Hier la quasi-totalité des vols a été retardée. Parfois de plus de 10 heures. Son vol était prévu à 7h 10, le Boeing 737-800, qui devait rallier Tlemcen, est resté cloué au sol jusqu'à 15h. Annoncé à 11h 30, le vol à destination de Ghardaïa via Illizi a été retardé à 14h 45, les autres destinations concernées sont Tébessa, Hassi Messaoud, Béchar, In Amenas. Au niveau de l'aéroport d'Alger, la colère des passagers a atteint son paroxysme. «On veut tout simplement qu'on nous explique la situation. Allons-nous embarquer oui ou non?», s'écrie ce citoyen bloqué depuis deux jours à l'aéroport et ce, en raison de l'annulation des vols vers Adrar. «Selon des rumeurs, les commandants de bord refusent de piloter les 737-200», ajoute un autre, un troisième passager l'interrompt: «Nous aussi on ne veut pas mourir. Si ces appareils sont dangereux, c'est tout le monde qui va les boycotter.» Nous nous sommes rapprochés des personnels navigants pour avoir plus d'informations sur la question. Et il y a presque une unanimité sur l'obligation de retirer les B 737-200. «Je ne veux pas mourir», explique ce chef de cabine qui s'est déclaré solidaire avec les pilotes des avions contestés. «On doit impérativement renouveler la flotte d'Air Algérie pour éviter d'autres catastrophes.» «Je suis consciente qu'on ne peut pas fuir notre destin, mais je refuse de monter dans les Boeing 737-200» explique cette hôtesses de l'air. Selon une source proche d'Air Algérie, l'administration aurait diffusé une instruction, il y a deux jours, interdisant les vols des Boeing 737-200 en attendant les résultats de l'enquête. La même information nous a été confirmée par un pilote de la compagnie nationale. «Les huit Boeing 737-200 sont cloués au sol, et ce, pour subir un contrôle technique approfondi», mais «en dépit de cette décision, ces appareils continuent à survoler l'Algérie», atteste-t-il. Avant d'ajouter: «C'est scandaleux!». En effet plusieurs destinations ont été programmées, hier, à bord des 737-200, telles que In-Amenas, Oran. Le vol vers Hassi Messsaoud a été assuré par la compagnie Tassili Airways, après le refus des membres d'équipage d'embarquer à bord des 737-200. M.Baâli, président du syndicat de l'entreprise, dément que les services d'Air Algérie aient reçu une quelconque instruction de la part de la direction. M.Boukhari, SG du syndicat des pilotes de ligne d'Air Algérie (Spla), a déclaré dans l'émission Transition diffusées sur la Chaîne I de la radio que son syndicat a saisi, le 10 mars, la direction de l'aviation civile du ministère des Transports en vue d'opérer des inspections sur les réacteurs du même type que ceux du Boeing 737-200. Il a démenti les informations faisant état d'une panne technique sur les B 737-200 avant de décoller de Tamanrasset. «Nous n'avons pas de pilotes kamikazes», précise-t-il.