Le centre des enfants assistés a ouvert ses portes le 22 novembre dernier. Elle fait partie d'un ensemble appelé «La cité sociale» qui comprend également un centre pour les sourds-muets, un autre pour les handicapés moteurs et un foyer pour la vieillesse, encore en chantier. Le tout dans un cadre champêtre, éloigné des bruits de la ville et bercé par les airs bucoliques de la forêt toute proche. Cette structure, à échelle humaine, accueille les enfants abandonnés, fruits indésirables du péché charnel. Ces bébés, dont l'âge varie entre un mois et une année, viennent essentiellement de la maternité de la ville de Tizi Ouzou, mais aussi des maternités de Larbaâ Nath Irathen, Boghni ou Draâ Ben Khedda. Ils atterrissent à la pouponnière avec le consentement de leur mère biologique, avec de simples prénoms. Ils sont hébergés et éduqués dans ce centre jusqu'à l'âge de six ans. Au-delà de cet âge, ils seront transférés dans des foyers à Alger ou Sétif. D'une capacité d'accueil de 48 places, ce centre héberge actuellement 12 bébés. «Mon souhait le plus cher est de voir tous les berceaux vides, et tous ces enfants placés dans des familles d'accueil», dira Hacène Sid Athmane, directeur du centre. A ce titre, depuis novembre dernier, sept bébés ont été adoptés. Pour leur part, Hanana, Sarah, Célia, Aniss et les autres attendent leur tour. D'un aspect sobre de l'extérieur, la pouponnière est pleine de vie à l'intérieur. Le décor est féerique. Les murs peints de couleurs vives donnent une certaine gaieté aux lieux. Aux sourires des enfants se mêlent les passations de consignes entre les différents services de l'établissement. Les chambres où sont entreposés les berceaux sont conçues avec goût. Des héros de bandes dessinées tapissent les murs et veillent sur les bébés. Les éducatrices au nombre de 26, réparties en quatre équipes qui se relayent, s'efforcent de se substituer aux rôles des mamans. «Nous essayons de créer des liens affectifs, qui permettent à l'enfant d'éviter les difficultés inhérentes au sevrage familial», explique Sihem, l'une des éducatrices. Sa tâche est complétée et soutenue par la psychomotricienne. Outre l'observation permanente de la sociabilité des enfants, la jeune psychologue du centre est également chargée de s'entretenir avec les éventuelles familles adoptives pour déceler les réelles motivations de ce geste. Pour sa part, Hakima, la puéricultrice, s'occupe du suivi alimentaire et de la préparation des repas des bébés. Pour la prise en charge médicale, Mme Benyahia, le médecin du centre, assure des visites régulières aux enfants. Ici, rien n'est laissé au hasard, un assistant social effectue des enquêtes sur les familles d'accueil. Il est secondé par une juriste qui facilite les procédures administratives et judiciaires à ces familles. Coiffant presque tous les services, Narimane, la coordinatrice établit des rapports journaliers sur le travail de tout un chacun. «Le dévouement et le bénévolat sont les maîtres mots des lieux», nous dira Narimane. En effet, le personnel du centre recruté pour la majorité dans le cadre du préemploi, s'acquitte merveilleusement de sa tâche «ne serait-ce que pour le bonheur de ces petits anges», estime une des éducatrices. «Le recrutement des vacataires se fera graduellement», confirme le directeur. Doté d'un budget « assez suffisant» selon le directeur, alloué par la Direction de l'action sociale de la wilaya (DAS), la pouponnière compte également sur les dons des âmes charitables et autres bienfaiteurs. Ainsi, le magasin du centre croule sous les produits de tout genre: jouets, poussettes, détergents, victuailles, lait en poudre et autres sont empilés au magasin. Dans ce sens, la société Socothyd, a promis un lot de couches jetables pour le centre et le wali de Tizi Ouzou une ambulance qui fait défaut jusque-là à la pouponnière. Pointilleux dans sa gestion, le directeur nous exhibe fièrement le rapport flatteur d'une commission d'hygiène. «Mon credo est la sécurité de mon personnel, la santé des bébés et l'hygiène des lieux», conclura cet homme, qui a consacré toute sa vie aux «laissés-pour-compte» et autres parias de la société et qui est également président de l'Association des démunis et SDF d'Alger.