Le Cnes revient sur la situation qui prévaut à l'université qu'il veut publique, moderne et de qualité. Les enseignants universitaires tirent la sonnette d'alarme. Ils évoquent un déficit de 14.000 enseignants face à 600.000 étudiants (plus d'un million en 2010). Carence infrastructurelle d'encadrement et de gestion des établissements du secteur, vacation à outrance, absence d'une valorisation conséquente des salaires et d'une amélioration sensible des conditions de travail seraient autant d'ingrédients susceptibles de faire le lit de la colère des travailleurs de la «chaire». «Non à la mort de l'université», déclarent ces derniers dans un rapport. Le recours intensif à la vacation n'est plus une solution, estiment-ils. Car la logique de la vacation ne peut assurer le minimum de qualité dans le processus pédagogique universitaire. La formation des formateurs et l'acte de recherche n'ont plus de place face au rythme pédagogique intensif et à la forte pression que subit l'enseignant. La flopée d'enseignants satellites ou le noyau d'enseignants permanents (chargé de cours, maître assistant, assistant, professeur ingénieur, vacataire, etc.) serait destiné à un statut plus précaire et à une surexploitation dans le travail pédagogique. Les dernières «augmentations» représentent, de ce point de vue, de la poudre aux yeux et un véritable piège pour le corps enseignant, ajoutent-ils. C'est que le constat fait par le Cnes prend de plus en plus les relents d'une revendication syndicale. «La mise en oeuvre de cette politique des pouvoirs publics pousse les enseignants à l'exil économique et les étudiants à la révolte émeutière.» «Les simulacres de dialogue et négociations et la volonté des pouvoirs publics de briser les cadres de lutte et libertés syndicales poussent à la confrontation pour arracher nos droits. Ni les engagements pris au nom de la pérennité de l'Etat (par Ouyahia en 1996), ni la loi d'orientation de l'enseignement supérieur (sur le glissement catégoriel), ni les décisions de la commission nationale d'arbitrage (finalisation du statut de l'enseignant), ni les recommandations de la Cnrse (mesures d'urgence d'augmentation des salaires et statut spécifique des enseignants), ni les engagements fermes de Sakhri, l'actuel ministre, n'ont été concrétisés», note le rapport. Le Cnes appelle les sections à tenir des assemblées générales afin d'évaluer la situation et des actions d'envergure. Son Conseil national se tiendra le 18 de ce mois, en présence des délégués de tous les établissements universitaires. De son côté, la Coordination régionale du centre (CRC) réaffirme que l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants et sociopédagogiques des étudiants passe par la réhabilitation statutaire du métier d'enseignant-chercheur, la revalorisation des salaires et indemnités, et la garantie des normes pédagogiques. Par ailleurs, une gestion démocratique des établissements suppose une logique élective à tous les postes de responsabilité pédagogique et scientifique, comme elle nécessite un fonctionnement participatif transparent et rationnel de toutes les composantes.