« Nous n'acceptons pas cette manière sournoise d'installer l'université privée au détriment de l'université publique. » Les membres du Cnes ont animé, hier, une conférence de presse à leur siège. Celle-ci a porté essentiellement sur trois points: la situation grave qui prévaut à l'université algérienne, la mise à nu des tentatives de démantèlement de l'université publique et, enfin, l'aspect revendicatif du Cnes. D'emblée, M.Khouas a mis l'accent sur la situation de l'université qui a atteint un seuil intolérable. Il cite en premier lieu un déficit d'infrastructures de base. Si le Cnes se réjouit du taux d'étudiants qui accèdent à l'université, il se trouve que parmi les 150.000 nouveaux bacheliers, une cinquième seulement a réellement une place à l'université, a indiqué M. Khouas. S'ensuit le déficit de l'encadrement. A ce niveau, les chiffres avancés par le conférencier n'augurent rien de bon, ils traduisent plutôt une saignée grave au sein de ce point névralgique qu'est l'université. Le secteur souffre d'un déficit de 14.000 enseignants et sur les 18.000 en exercice, 400 ont quitté le pays pour d'autres horizons forcés à «l'exil économique», selon la formule du conférencier. A cela s'ajoutent les conditions sociopédagogiques. Des étudiants hébergés à huit dans une seule chambre, une restauration, des bibliothèques qui sont loin de répondre au flux des étudiants, et une bourse inférieure à celle allouée aux chômeurs dans le cadre du filet social. Une situation explosive qui risque d'installer, au sein même des campus universitaires, la violence. «Nous disons basta!», s'écrie M.Khouas. Revenant sur les nouvelles mesures de revalorisation des heures supplémentaires et de vacation, il dira qu'elles ne concernent nullement les salaires et les autres revendications du Cnes. Bien plus, selon Khouas, se sont des mesures provocatrices en ce sens qu'elles contribuent à l'enlisement du niveau de l'enseignement. Les représentants du Cnes d'Oran et de Constantine abondent dans le même sens. Puisque, d'après eux, la vision selon laquelle la démographie galopante est la contrainte essentielle de l'université, est fausse. Il s'agit plutôt d'un négativisme inconscient, par ailleurs, très intentionné. «Nous n'acceptons pas cette manière sournoise d'installer l'université privée au détriment de l'université publique», s'insurgent-ils. S'agissant des mesures et actions du Cnes, ils ont annoncé une grève cyclique qui débutera au mois de janvier prochain, dont les modalités seront précisées ultérieurement. Auparavant, ils annoncent une journée de grève, le 26 novembre prochain, consacrée Journée nationale de l'enseignant du supérieur. Si l'université ne fait pas face au problème du projet de société, elle subit, en revanche, l'onde de choc de la mondialisation économique à l'égard de tous les secteurs publics. Aussi, pour la sauvegarde de l'université, un front uni avec des syndicats des étudiants et les travailleurs du secteur est un préalable à prendre au sérieux. C'est, en tout cas, ce que se propose d'étudier le prochain conseil national du Cnes. Enfin, les conférenciers ont annoncé que leur syndicat poursuivra le gouvernement en justice et s'adressera aux instances internationales, notamment le BIT, pour un déni de droit - dix ans d'existence sans aucune subvention.