Le bras de fer entre le personnel de la Cour des comptes et son administration semble se durcir. Preuve en est: le mouvement de grève, qui a été lancé depuis trois jours par le syndicat et qui a eu un écho favorable au sein de la base, n'a suscité aucune réaction de la part de la tutelle qui garde le silence. En effet, à en croire les propos du SG de la section syndicale de la Cour des comptes, 100% des employés ont suivi le mot d'ordre de grève. «Notre mouvement s'est avéré une réussite vu que l'ensemble des employés y a répondu favorablement», déclare le SG. Ce qui est certain, ajoute notre interlocuteur, c'est que malgré toutes les intimidations et les pressions qu'exerce l'administration sur les employés pour disloquer ce mouvement et aussi, en usant de pratiques illégales et arbitraires, le syndicat est resté déterminé à poursuivre ses actions de protestation «quitte à observer une grève illimitée jusqu'à l'aboutissement des revendications», a ajouté notre interlocuteur. Cette plate-forme de revendications consiste principalement en le changement du régime indemnitaire qui est caduc et dépassé. «Nous fonctionnons toujours sur le barème de 1981 qui est pourtant abrogé et remplacé par le Statut général des travailleurs de 1985», clame le SG en ajoutant: «C'est inadmissible.» Ces contestataires plaident également pour un statut particulier propre au secteur. «Trouvez-vous normal qu'un assistant administratif, qui a 23 ans de service, touche seulement 14.000 DA et qu'un agent de service touche plus que le Smig?», nous interroge-t-il. En clair, le personnel administratif de la Cour des comptes plaide pour l'application et le respect des lois «sans plus». Les magistrats sont également montés au créneau en menant, hier, des actions de protestation dans lesquelles, dira le SG du syndicat des magistrats, M.Ben Halla, «ils exigent le retour au respect des lois régissant la cour, notamment l'ordonnance 95-23 relative au fonctionnement de la cour et l'ordonnance 95-23 portant statut des magistrats». «Nous plaidons pour la mise en conformité des actes des magistrats par rapport aux lois en vigueur», s'insurge notre interlocuteur. Deux points ont été relevés par M.Ben Halla et qui font partie des revendications. Il s'agit, au préalable, de la nomination régulière des magistrats. Cette action, selon lui, ne se fait pas, contrairement à la loi, régulièrement et systématiquement. «60% des magistrats ne sont pas nommés régulièrement, ce qui ne garantit pas leur indépendance dans l'exercice de leur fonction.» Autre point de revendication: la nomination d'un conseil des magistrats qui a été annulé depuis plus de 3 ans. «Il y a un blocage manifeste et délibéré de la part de la cour ; pourtant, il lui est (le conseil) indispensable», se désole notre interlocuteur. Il est certain que l'administration doit répondre à ces revendications afin d'amortir les tensions qui agitent le secteur, estiment nos interlocuteurs.