Le premier gouvernement légitime irakien, depuis la chute de Saddam Hussein, a été investi hier par le Parlement. Le Parlement irakien qui s'est réuni hier en session extraordinaire pour l'investiture du cabinet du Premier ministre Nouri Al-Maliki a clôturé ses travaux le même jour. Les députés qui ont investi hier le nouveau gouvernement permanent, composé, outre Nouri Al-Miliki et ses deux vice-Premiers ministres, de 37 ministres et ministres d'Etat (manquent encore les ministères de l'Intérieur, de la Défense, et de la Sécurité nationale non encore attribués) se retrouveront encore aujourd'hui, selon plusieurs parlementaires. Mais pour en arriver là, il fallut plusieurs mois de tractations difficiles entre les blocs politiques avec comme leitmotiv l'optique de préserver le fragile équilibre entre les ethnies et confessions irakiennes. D‘ailleurs le fait que les portefeuilles stratégiques de l'Intérieur et de la Défense n'aient pu être attribués souligne l'âpreté des négociations entre chiites et sunnites notamment. Expliquant ce cas de force majeure, Nouri Al-Maliki a indiqué hier devant le Parlement «J'assumerai la responsabilité du ministère de l'Intérieur dans un premier temps, le vice-Premier ministre Salam Al-Zobaïe sera le ministre de la Défense par intérim et le vice-Premier ministre Barham Saleh sera ministre de la sécurité nationale par intérim». Toutefois, la formation du premier gouvernement légitime irakien -depuis la chute de l'ancien dictateur Saddam Hussein- même si celui-ci eu plusieurs mois de retard, constitue incontestablement une victoire pour le peuple irakien confronté par ailleurs à des violences omniprésentes (au moment même où M Maliki présentait au Parlement son gouvernement 26 Irakiens étaient tués dans différents attentats -voir ci-dessus-) et traduit la volonté des nouvelles autorités irakiennes de sécuriser le pays et lui faire retrouver sa stabilité. Juguler la violence est de fait la priorité du cabinet Maliki. Parmi les postes-clés du nouveau gouvernement notons que le Kurde Hoshyar Zebari garde la haute main sur la diplomatie irakienne en étant confirmé au portefeuille des Affaires étrangères, alors que le poste très convoité de ministre du Pétrole a échu au chiite indépendant Hussein Chahristani. Bayane Jabr Soulagh, ministre controversé sortant de l'Intérieur -il est accusé par les sunnites d'immobilisme, de couvrir de son autorité les activités des escadrons de la mort- a atterri aux Finances. De fait, les principales têtes qui étaient déjà dans le cabinet d'Ibrahim Al-Jaafari se retrouvent dans celui de Maliki et cela dans l'optique de ne pas bouleverser le fragile équilibre existant entre les trois principales composantes ethniques irakiennes. Avec l'investiture du gouvernement de Nouri Al-Maliki, la phase de la mise en place des nouvelles institutions irakiennes semble ainsi achevée. De fait, le nouveau cabinet irakien signale la fin de la transition, le pays disposant désormais d'un gouvernement pour faire face aux urgences qui interpellent l'Irak dont, en tout premier lieu, la violence qui met à mal la sécurité des Irakiens et menace l'unité du pays. Le gouvernement Maliki -premier gouvernement légitime irakien depuis la chute de la dictature du régime du Baas le 9 avril 2003- a été précédé ces trois dernières années par une administration provisoire, présidée par l'Américain Paul Bremer, désigné le 16 mai 2003 par le gouvernement américain. Le 1er juin 2004 le gouvernement transitoire est dissous, un gouvernement intérimaire le remplace à la tête duquel sont placés le chiite laïc, Iyad Allaoui, au Premier ministère, et le sunnite Ghazi Al-Yaouar à la présidence. Dans le processus de transfert du souveraineté aux Irakiens, le Conseil de sécurité vote le 8 juin 2004 la résolution 1546 par laquelle l'ONU rétrocède le pouvoir aux Irakiens. Le 28 juin 2004 l'administrateur américain, Paul Bremer, quitte le territoire irakien. Dans cette difficile et compliquée mise en place des nouvelles institutions irakiennes (marquée par les élections de l'Assemblée constituante le 30 janvier 2004 puis le Parlement le 15 décembre 2005) il y a eu également le gouvernement d'Ibrahim Al-Jaafari qui eut la mission de parachever le processus de rétablissement de la souveraineté du peuple irakien sur l'Irak. La présentation hier au Parlement du nouveau gouvernement irakien permanent met fin à une transition douloureuse pour les Irakiens alors même que la parenthèse de l'occupation reste ouverte tant que des troupes étrangères demeureront sur le territoire irakien. Commentant l'annonce de la mise en place du gouvernement irakien, un responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat à indiqué hier que c'est là une «véritable nouvelle chance» pour l'Irak soulignant que le gouvernement irakien «va enfin être en mesure de prendre les décisions difficiles qui s'imposent sur la sécurité, sur les questions politiques et la reconstruction de l'économie». Il est vrai que la tâche qui attend Nouri Al-Maliki et son équipe gouvernementale est ardue.