Au quatrième jour des frappes américano-britanniques en Irak, les pertes en vies humaines ne cessent de s'alourdir. Hier les membres de la Croix-Rouge internationale ont rendu visite à quelque 250 blessés dans les deux plus importants hôpitaux de Bagdad, l'hôpital Al Yarmouk et l'hôpital Al Kindi. Les Irakiens affirment que ce sont tous des civils. Il n'y a pas lieu d'en douter puisque aucun affrontement militaire n'a été enregistré jusque-là dans la capitale irakienne. Seuls des bombardements massifs ont eu lieu depuis le début de la guerre. A ces victimes déclarées côté irakien,, il faut ajouter les 10 soldats américains blessés au Koweït lors d'une attaque menée contre la 101e division aéroportée. Un bilan auquel il faut ajouter les membres d'équipage morts après les accidents d'hélicoptère lors de manoeuvres. Le dernier en date est un avion de la Royal Air Force qui a disparu lors d'une mission. A ces civils irakiens et à ces militaires américains, premières victimes de cette guerre, il faut ajouter des journalistes qui couvraient les opérations militaires. Un envoyé spécial australien a été tué et trois membres de la télévision britannique ITN ont été blessés. Il est toutefois difficile de faire un bilan exhaustif des pertes humaines occasionnées par cette guerre tant le contrôle de l'information est verrouillé par toutes les parties en présence. La guerre des images est considérée, à juste titre, comme un moyen stratégique. Chaque camp «distille» comme il l'entend l'information servie aux correspondants des médias sur place. C'est ainsi qu'aucune image de soldats tués ou blessés, de quelque côté qu'il soit, n'a filtré côté américain. Tout est fait pour ne pas saper le moral de l'opinion publique américaine et garder ainsi son adhésion à la guerre. Pour ne pas heurter la sensibilité de la population irakienne auprès de laquelle les Etats-Unis veulent se présenter en «libérateurs» et non en agresseurs. Quoi qu'il en soit, la réalité est là. Aucune guerre ne peut être propre comme s'évertuent à vouloir nous faire croire certains «spécialistes». D'ailleurs et prenant les devants, en prévision des dégâts à venir, le Premier ministre britannique Tony Blair a écrit hier dans un journal: «Nous devons intégrer que, quels que soient nos efforts pour les empêcher, il y aura des victimes civiles.» Il n'y a aucune raison pour que cette deuxième guerre du Golfe ne soit pas aussi meurtrière que la première où quelque 200.000 victimes irakiennes avaient été recensées. Quels que soient les efforts de l'action psychologique entreprise.