«La position de l'Algérie est meilleure que celle de plusieurs autres régimes arabes.» «La situation de l'Irak aujourd'hui est identique à celle de l'Algérie en 1830 face à l'invasion des troupes françaises.» C'est par cette comparaison fort éloignée dans le temps et dans l'espace que le président du mouvement El-Islah, Abdallah Djaballah, a entamé sa conférence de presse tenue hier à la Maison de la presse. Usant de généralités fort connues de l'opinion publique algérienne et de sourate du Coran, le chef de cette formation politique islamiste légale, qui se présente comme la deuxième force politique du pays après le FLN même si institutionnellement, elle n'est qu'à la troisième position, a, par la suite, développé toute une prose sur la décadence des empires dans l'Histoire. Des termes comme «les USA instrument du sionisme mondial», «le grand Israël», «l'hégémonie américaine et la mondialisation» ont été des leitmotive de sa déclaration préliminaire avant de voir le patron du MRN se prêter au jeu des questions-réponses des journalistes. Ainsi, au-delà de la position officielle de cette formation par rapport à cette guerre contre un pays arabe et musulman, El-Islah, selon son leader, «revendique surtout l'autorisation des marches dans le pays». Car, d'après lui, les marches ont plusieurs objectifs politiques qui vont du «soutien aux pays qui refusent la guerre à celui de faire perdurer ce front du refus en passant par l'influence sur l'évolution des positions gouvernementales». A ce propos, M.Djaballah a révélé qu'après des efforts soutenus et en coordination avec le bureau de l'APN, «les pouvoirs publics ont autorisé les marches dans 47 wilayas du pays, sauf dans la capitale». Il a aussi démenti les rumeurs selon lesquelles son parti aurait ouvert ou appelé à l'ouverture de listes pour le djihad en Irak. Néanmoins, à la question de savoir quelles sont les actions concrètes que compte entreprendre son parti pour rendre effectives et crédibles ses actions de solidarité avec le peuple irakien, Djaballah est resté évasif, général et sans plan d'action précis. Se contentant d'énumérer les actions de solidarité traditionnelles comme l'acheminement de l'aide matérielle et médicale, de don de sang et de condamnations et de dénonciations de l'agression américaine à travers des marches massives, le premier responsable d'El-Islah semble ne pas avoir de recette appropriée pour saisir les enjeux de cette guerre et séduire la rue qui est en ébullition, mais qui se trouve de facto sans encadrement politique ou politicien. En fait, au vu de sa prestation devant les représentants des organes de la presse nationale, Abdallah Djaballah est paru très modéré par rapport à ses séculaires et oubliées positions maximalistes pour ne pas dire radicales tenues lors de la première guerre du Golfe de 1991 contre ce même Irak.