L'Algérie n'ira pas au charbon à la place des autres pays arabes, dans l'affaire de l'Irak. Au-delà du fait qu'il gérera les intérêts de l'Irak aux USA et à l'ONU, à la fin de cette guerre, l'Etat algérien ne compte pas se laisser impressionner par ceux qui tombent à bras raccourcis contre les dirigeants arabes et assimile allègrement l'Algérie, aux autres pays qui n'ont jamais combattu depuis leur création. Cela semble être le message que veulent distiller les hautes autorités de l'Etat à l'endroit de l'agitation des partis politiques, autour de l'agression américano-britannique contre l'Irak. Le canal institutionnel par excellence qu'est l'Assemblée populaire nationale (APN) serait choisi pour mener à bien ce recentrage. C'est le constat établi aujourd'hui, par les observateurs de la scène politique nationale. Lesquels observateurs relèvent, au passage, l'urgence pour les pouvoirs publics d'endiguer le ressentiment provoqué par cette invasion d'une partie de la nation arabe, et ce, en vue de raffermir davantage la place et le poids de l'Algérie dans le front qui oeuvre à stopper l'agression et ses effets dévastateurs, sur la stabilité régionale et internationale. Depuis le premier jour de l'attaque contre l'Irak, des voix se sont élevées parmi la classe politique, qui pour dénoncer le caractère «ambigu» de la position algérienne, qui, pour réclamer le droit à manifester surtout dans la capitale. Des coups de force ont été tentés, principalement par le Parti des travailleurs (PT) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) en vue de lever l'interdit qui frappe les manifestations à Alger, depuis le 16 juin 2001. Même la question de la levée de l'état d'urgence a été utilisée pour la circonstance. Les autorités ont, certes lâché du lest la semaine dernière, puisque, sur demande des députés de l'APN, les manifestations ont été autorisées par le gouvernement à travers les 47 wilayas du pays. Pour la capitale, seuls des rassemblements dans des salles ont été accordés. Pendant ce temps, le siège de l'APN n'a pas cessé d'être le réceptacle de l'hostilité de la population à la guerre qui est menée contre le peuple irakien. On a assisté à deux séances spéciales à ce sujet. Durant les débats, des formations politiques, telles que le PT, le MSP et El-Islah, n'ont pas arrêté de distiller leur flot de critiques contre le gouvernement. Mme Louisa Hanoune, a même jeté un grain de soupçon sur les dirigeants de ce pays qui rouleraient pour Bush et Blair. Dans sa prestation devant les élus de la nation avant-hier, le ministre des Affaires étrangères a parlé de «sale guerre» menée par la coalition américano-britannique, depuis dix jours contre l'Irak, et salué la résistance «héroïque» du peuple irakien. Coupant court à toutes ces spéculations que le RND n'a pas hésité à qualifier de «surenchères politiciennes», le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que «la solidarité de l'Algérie à l'Irak relève de l'acte naturel entre deux peuples frères», a-t-il dit, citant en témoignage le «soutien du peuple algérien exprimé ces jours-ci». Plusieurs manifestations se sont déroulées ces derniers jours à travers le pays en soutien au peuple irakien. Soulignons enfin, que l'APN tiendra aujourd'hui une troisième séance consacrée à l'agression contre l'Irak.