Tout porte à croire que l'avenir du pays sera décidé en Irlande du Nord. Tout semble terminé pour le régime de Saddam Hussein. Les coalisés se sont retrouvés à Belfast pour tracer les grandes lignes de ce que sera demain, l'Irak. Les USA, la Grande-Bretagne et l'Espagne auront à débattre, lors de cette conférence, de l'Irak sans le pouvoir de Saddam. Ce dernier regardera de loin et entendra de près toutes les recommandations et décisions qui seront prises par les coalisés qui grignotent, chaque minute, des mètres carrés d'espace. Ainsi, le sort de l'Irak se jouera à Belfast où les prétendants au partage du butin de guerre, la France, l'Allemagne et à un degré moindre la Russie peuvent se consoler de ne pas se salir les mains dans cette guerre, menée par les grandes puissances sous l'égide des cartels et des trusts. Déjà, lors de la réunion de Bruxelles, Powell avait mis un frein aux appétits de certains quant aux investissements futurs dans la reconstruction de ce pays. La France et l'Allemagne, qui soutiennent et revendiquent le rôle actif que doit jouer l'ONU, ont été remises à leur place par le secrétaire d'Etat US. Ce dernier a réaffirmé que le rôle de catalyseur dans la reconstruction de ce pays reviendra de prime abord aux coalisés. L'ONU n'aura qu'un droit de regard et ce, sur des questions secondaires. Belfast, où les regards des politiciens, gouvernants et sociétés multinationales seront tournés, mettra un terme à toutes les spéculations. Les convoitises sont assez grandes et ne peuvent être partagées au regard de la position de certains présidents et gouvernants de pays hautement industrialisés. Les USA, la Grande-Bretagne et l'Espagne qui ont mené les combats sur le terrain et dont l'effort de guerre est fort impressionnant, ne laisseront aucun intrus venir rafler la mise. L'Irak, un pays riche, pourra «rembourser sa dette» et retrouvera son autonomie de pouvoir tel que voulu par les coalisés. Le régime en place, depuis plus de trois décennies, sera remplacé par un autre provisoirement jusqu'à ce que les mécanismes de la démocratie soient huilés. Personne ne doute que ce seront les Etats-Unis qui ouvriront le bal. Une idée que Bush affectionne beaucoup est celle d'installer un ami, général à la retraite, pour une période de transition. La logique de la guerre veut que ce soit le plus fort qui décide du sort du vaincu. Et là, les USA n'en démordent pas. Au-delà de cet axiome, d'autres points retiennent l'attention. C'est le cas notamment de la Turquie, du Kurdistan irakien. En effet, les Turcs ont reçu le ministre des Affaires étrangères iranien dont les discussions ont, sans doute, porté sur la question des Kurdes, alliés des coalisés contre le régime de Saddam. On se rappelle qu'à la veille de la guerre, la Turquie avait refusé toute ingérence militaire en Irak par ses troupes armées au risque de créer un conflit et de réveiller les anciennes velléités entre Turcs et Kurdes. La Turquie voit d'un mauvais oeil la création d'une nation kurde à ses frontières, car elle abrite une forte communauté de cette race. Le même scénario s'adapte à l'Iran. Si les Kurdes deviennent une nation, les risques d'une déstabilisation sont grands et les USA perdront beaucoup en revanche. Ainsi pour mieux sécuriser leurs «amis» turcs, les coalisés n'ont opté que pour le survol de leur territoire. Ce qui a beaucoup ralenti la marche des troupes armées du nord vers Bagdad. Aujourd'hui que la guerre tire à sa fin, tous les pays voisins de l'Irak se réveillent pour obtenir une part du «gâteau». Cette question sera aussi au menu des discussions entre Bush et Blair. Dans ce contexte d'après-guerre où les coalisés ont la mainmise sur un pays riche en pétrole où d'énormes potentialités d'investissements sont offertes, les divergences seront de mise. Mais, le ton est donné par les Américains qui excluent de fait toutes les nations qui ont adopté une position de neutralité. L'après-Saddam a sonné le glas au sein des gouvernants. Le puzzle est tellement épars qu'il est difficile de le reconstituer.