Un parcours sur la mémoire et la présence de Maurice Audin à Alger sera revisité cette semaine avec art. «L'image et la mémoire des lieux» est le thème que le plasticien français Ernest Pignon-Ernest débattra aujourd'hui lors d'une conférence à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts d'Alger sur l'initiative du centre culturel français. «Je travaille sur des villes, elles sont mon matériau, je m'en saisis pour leurs formes, leurs couleurs, leur passé, les souvenirs qui les hantent», dit-il. Son dernier projet et oeuvre d'art qu'il présentera s'articulera autour de Maurice Audin. Une image grandeur nature qu'il collera dans des lieux symboliques de sa vie et de sa mort, notamment l'endroit où il a été arrêté avec Henri Alleg, où ils ont été torturés etc. «Cela dit à la fois une absence et un signe de présence de quelqu'un, un personnage réaliste», indique Ernest Pignon-Ernest. Dessinateur et alchimiste, acteur dans la ville et cinéaste de l'histoire, ce plasticien se veut quêteur et passeur de cultures, archéologue-citoyen encore et toujours. Cela fait 40 ans qu'il dessine en travaillant sur les villes, les groupes sociaux dans lesquels il vient à s'inscrire et essaye de comprendre leur profondeur. «A partir de là, je dessine des images de personnages que je colle ensuite dans les lieux en question et qui viennent jouer un peu comme un révélateur: faire remonter à la surface des souvenirs des lieux, je fais cela un peu partout, au Chili et dernièrement en Afrique du Sud». Ernest Pignon-Ernest se dit d'abord méditerranéen et très proche de l'Algérie. C'est avec plaisir qu'il compte réaliser sa dernière prouesse artistique à Alger. Il offrira ainsi aux passants des moments de poésie, uniques instantanés en hommage à ce jeune mathématicien. poésie de l'image laissée à l'appréciation des phénomènes naturels et du mouvement des idées. Sourire aux lèvres; il vous parle de ses oeuvres atypiques qu'il nomme «interventions»: «toutes les images que je colle sont réalisées sur un papier journal non imprimé, provenant de chutes de rotative. c'est le seul papier qui détrempé par la colle parvient à devenir aussi malléable». artiste inclassable, Ernest Pignon Ernest aime ainsi représenter l'éphémère au fil des itinéraires et des rencontres croisées. Etonnant sculpteur-dessinateur, il se plaît à capturer les visions obsédantes d'une ville dévorée par ses mythes magnifiés par des clairs-obscurs et des représentations baroques de la vie. A découvrir!