Dirigeant influent dans les rangs du GIA, il serait le cerveau des sanglants attentats en France de l'été 1995. L'Algérien Rachid Ramda attend désormais l'avis du ministre de l'Intérieur britannique David Blunkett sur les demandes d'extradition déposées par la France, a indiqué son avocate Gareth Pierce. Celle-ci a, en effet, précisé qu'elle ne contestait pas la décision, vendredi par un tribunal londonien, d'accepter l'extradition vers la France de Rachid Ramda, soupçonné d'avoir financé les attentats commis dans le RER (train de banlieue) parisien en 1995, qui avaient fait 8 morts et 168 blessés. La France a déposé en 1995 et en 2002 deux demandes d'extradition pour Rachid Ramda, qui est poursuivi en France pour sa participation présumée à des attentats survenus à Paris en 1995. Selon nombre d'observateurs, la Grande-Bretagne ne devrait trouver aucun inconvénient à donner une suite favorable à cette demande. Les Anglais, depuis les attentats du 11 septembre, ont modifié leur politique vis-à-vis de l'immigration en général, et des activistes islamistes en particulier. L'on croit savoir que les Anglais se préparent à renvoyer chez eux ces personnes par convois entiers. Les Algériens sont les premiers concernés, croit-on savoir. Des camps seraient même en train d'être aménagés au Maroc en direction de certaines personnes. Il s'agit des gens recherchés dans leur pays d'origine et condamné à la peine capitale par contumace. Ces mesures seraient en passe d'être renforcées et accélérées à cause de la guerre en Irak. David Blunkett avait déjà signé l'an dernier un ordre d'extradition, mais celui-ci avait été annulé en appel par la Haute Cour en juin 2002. La justice britannique avait clairement mis en cause à l'époque le fonctionnement de la justice et de la police françaises: les juges avaient relevé que certains éléments d'information compromettants contre Ramda provenaient d'un coaccusé, Boualem Bensaïd, qui aurait peut-être été maltraité pendant son interrogatoire en France. Ils reprochaient aussi à Paris d'avoir sciemment caché ces violences présumées. «Le gouvernement français est responsable d'une part énorme du retard pris dans cette affaire en ne fournissant pas de réponses aux questions du gouvernement britannique», a affirmé l'avocate de M.Ramda. Ce dernier, soupçonné d'être trésorier du GIA algérien, et de l'avoir fourni en armes et en matériels à partir du Vieux Continent, a connu un parcours chaotique depuis les attentats commis en France en 95. Arrêté quelques mois après ces attentats, au mois de novembre 95, Rachid Ramda a profité de la permissivité des lois britanniques pour déjouer l'ensemble des procédures d'extradition introduites par les autorités françaises depuis bientôt 8 ans. Les Anglais, peu enclins à vouloir s'arrêter en si bon chemin, ont également mis en application le décret prévoyant le retrait de la nationalité aux personnes portant atteinte au royaume ou à l'image de marque de ses «citizens». Le premier à en avoir fait les frais hier, comme il fallait s'y attendre du reste, a été Abou Hamza Al-Masri, ancien imam de la mosquée de Finsbury Park, dans laquelle six Algériens avaient été arrêtés au mois de janvier passé alors que des armes et des faux papiers avaient été saisis. Cette affaire avait fait immédiatement suite à la saisie de ricine dans un appartement londonien et dont la piste avait conduit les services anglais jusqu'à cette mosquée fréquentée en grande partie par des islamistes algériens. Abou Hamza risque fort d'être renvoyé vers son pays, à moins qu'il ne trouve dans les plus brefs délais une autre terre d'accueil.