La marche prévue pour demain à Alger par le mouvement citoyen risque de ne pas avoir lieu. Jusqu'à hier, en fin de soirée, rien n'était venu, officiellement, opter pour une quelconque «issue». Le mouvement citoyen est occupé depuis quelques jours aux préparatifs de la marche du 5 octobre à Alger. C'est en principe, à l'issue de cette action que la plate-forme d'El-Kseur, sera remise au chef de l'Etat. Dans un esprit de conciliation, le mouvement a dérogé à son premier lieu de rendez-vous. Il a ainsi donné comme lieu de rencontre la place de la Grande-Poste à Alger, au lieu de la place des Martyrs ou encore de la place du 1er-Mai. La première, la place des Martyrs, car abritant une action de protestation de l'association des jeunes RAJ et la seconde jugée un peu trop «propice» aux dépassements des «uns et des autres». Cependant, en l'absence d'une prise de position officielle du ministère de l'Intérieur, on peut craindre, au vu des décisions interdisant les marches dans la capitale, que cette action ne puisse avoir lieu. Ce qui revient à dire que les progrès enregistrés jusque-là, dans la voie de la détente risquent fort de «s'envoler» et «un retour à la case départ» est toujours possible. Les «radicaux» du mouvement citoyen pourront ainsi reprendre du poil de la bête. Comme il faut ajouter que la rue, en Kabylie, est certes fatiguée, mais une réaction assez violente à un éventuel refus de la marche, peut être perçue comme un refus de règlement de la crise. Selon des sources sûres, il semble que les pouvoirs publics ne veulent absolument pas parler de marche à Alger. A la place, on verrait d'un bon oeil l'organisation d'une délégation, de quelques centaines de personnes, pouvant être véhiculées d'un endroit précis d'Alger, jusque vers El-Mouradia. Arrivée sur place cette délégation donnera aux quatre ou cinq « délégués » chargés de remettre au chef de l'Etat, la plate-forme. Une fois le document remis, la délégation sera reconduite à son point de départ. Ce que des «contacts» ont précisé au mouvement lequel, évidemment, ne veut pas démordre de sa proposition initiale, celle arrêtée à Fréha, par le conclave interwilayas des 27 et 28 septembre dernier. En rejetant cette procédure, le mouvement semble signifier qu'il a déjà assez fait de concessions. Aussi, nombreux sont les délégués qui disent que « la marche se fera envers et contre tous ». Cette «glissade» vers la radicalisation peut facilement être arrêtée à temps, si les pouvoirs publics laissent la procession aller à pieds et en silence ou du moins avec le seul slogan exigeant «une réponse urgente, claire et officielle à la demande populaire». Nul doute que toutes les appréhensions seront levées et que la marche sera le début d'une ère nouvelle en Kabylie, pour peu que l'Etat ne voie en cette marche, non pas une manifestation, mais la démarche d'une délégation allant remettre ses doléances au premier magistrat du pays. De l'issue de cette action, dépend finalement l'avenir immédiat de toute une région. En interdisant la marche ce sera comme un coup d'accélérateur au retour de la violence, avec tout son cortège de nuisances et de malheurs pour une région déjà exsangue. Alors que si tout se déroule normalement, enfin le calme reviendra dans la région. Et c'est dans le calme et seulement dans le calme que l'on peut s'attaquer aux problèmes réels. La population espère, croise les doigts et attend.