Les sept premières régions de France, avec ses 638 délégués des lieux de culte ont emprunté, hier, le chemin des urnes. Sur tout le territoire français, ce sont 4 036 délégués qui sont concernés par ces élections, dont 189 viennent d'Alsace, 112 d'Aquitaine, 49 de Bretagne, 20 de Corse, 28 du Limousin, 55 des pays de la Loire et 185 de l'Ile de France, ont constitué la première tranche de ce rendez-vous «historique» du 6 avril pour la communauté musulmane de France. 18 régions de France prendront le chemin des urnes dimanche prochain, afin de mettre en place les 41 représentants du Conseil français du culte musulman et les 20 personnalités, membres de consultations, désignées, au même titre que les élus, pour faire partie du Conseil national. «En attendant les chiffres définitifs du ministère de l'Intérieur, nous enregistrons, d'après nos correspondants sur place, un taux de participation supérieur à 70%». «Tous nos délégués ont voté dans un climat serein...c'est un grand jour pour nous !», nous déclare un des responsables à Paris. Avant ce rendez-vous du 6 avril, Nicolas Sarkozy a assisté, le 31 mars dernier, à l'ouverture du IVe congrès des imams de France, déplacement qui, à une semaine des élections du futur Conseil français du culte musulman (Cfcm) avait pour but de saluer les 250 imams issus de toute la France. Il a, dans ce contexte, rappelé que ces élections étaient, pour lui, un grand événement et il souhaitait que «chacun en mesure bien la signification » puisque c'est la première fois qu'un ministre de l'Intérieur rencontrait les imams. Pendant des années, l'Etat français a laissé au Maroc, à l'Algérie, à la Tunisie, voire à l'Arabie Saoudite et à la Turquie, le soin de gérer la communauté musulmane en France. Il faut attendre 1989 pour que Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur et des Cultes, crée le conseil de réflexion sur l'Islam de France (Corif). Les 15 personnalités nommées n'ont qu'un rôle consultatif et les musulmans ne soutiennent guère cette instance. Après 1993, Charles Pasqua pousse à la création d'un Conseil représentatif des musulmans de France qui avait le tort, selon des observateurs, de favoriser la mosquée de Paris, contrôlée par l'Algérie. D'un ministre à l'autre, les méthodes diffèrent, l'objectif reste le même: «Contrôler une communauté vue comme une menace.» Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, reprend le flambeau. Le 9 décembre, il annonce la signature d'un protocole d'accord entre les trois plus grosses fédérations.