La stratégie britannique a inspiré les soldats de Bush dans leur conquête de la capitale irakienne. Désormais, les «Rats du désert» britanniques contrôlent «la majeure partie» de Bassora. La rapidité et la violence dont les forces britanniques ont fait preuve pour porter ce nouveau coup au régime de Bagdad vont être perçues dans l'ensemble de l'Irak comme un signe que le règne de Saddam Hussein approche de sa fin. Au lendemain d'une importante offensive dans les faubourgs, qui leur a coûté 3 morts, les soldats britanniques, environ 4000, ont pénétré à pied dans le centre de Bassora. Les Royal marines se sont emparés de l'immense palais que Saddam s'était fait construire dans la deuxième ville du pays. La bataille de Bassora est «plus ou moins terminée», a annoncé hier, un officier britannique. Selon le ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon, des «indices solides» existent qu'«Ali le chimique», cousin de Saddam Hussein, a été tué dans un raid vendredi dernier. Après cette conquête, les Britanniques vont entamer la deuxième phase de l'occupation, qui consiste à maintenir «l'ordre et la loi». «Nous allons essayer de maintenir une atmosphère de loi et d'ordre», a déclaré le chef des forces britanniques dans le Golfe, le général de corps d'armée aérienne Brian Burridge, lors d'une conférence de presse au Qatar. Après l'entrée des troupes britanniques dans Bassora, des scènes de pillage ont été constatées, et de possibles règlements de comptes entre la population et les fidèles du parti Baâth pourraient advenir. La rébellion chiite dans le sud de l'Irak, juste après la fin de la première guerre du Golfe, a été réprimée avec une férocité particulière dans cette ville. Aussi les Britanniques vont-ils «jouer» sur ces animosités pour espérer reconquérir la sympathie des populations qui ont subi les bavures britanniques. Sur le plan stratégique, les Rats du désert se sont gardés d'attaquer frontalement. Ils ont assiégé la ville, multipliant des incursions chaque jour plus poussées, depuis le 20 mars, jusqu'à l'occupation presque totale. Cette stratégie a inspiré les Américains dans la conquête de Bagdad : encercler la ville, faire des incursions ciblant les lieux de pouvoir, mais éviter le combat urbain. En effet, les forces américaines ont mené, hier, une incursion spectaculaire et hautement symbolique jusqu'au coeur du pouvoir de Saddam Hussein à Bagdad, attaquant le principal complexe résidentiel de la capitale, même si le régime irakien persiste à démentir les avancées de la coalition. Mais la facilité apparente avec laquelle les troupes américaines, qui bénéficient d'une maîtrise totale du ciel, ont progressé à travers les défenses irakiennes à partir de leur base à l'aéroport situé dans le sud-ouest de Bagdad, augure mal l'avenir du régime irakien. Un autre palais au centre-ville et un troisième au sud-ouest de Bagdad, près de l'aéroport international Saddam, seraient également sous contrôle américain, En revanche, des forces irakiennes contrôlaient toujours hier les alentours du palais de la République, où sont situés des ministères, notamment ceux de l'Information et des Affaires étrangères. En outre, les troupes américaines contrôlent désormais «les routes principales qui mènent et qui sortent de Bagdad», a affirmé le ministre britannique de la Défense, Geoof Hoon, devant la Chambre des Communes. Signe de détente, sur la route de Bagdad, les marines ont été autorisés à retirer leur combinaison de protection contre les armes chimiques et biologiques, leurs supérieurs «ayant estimé qu'il n'y a plus de menace sérieuse imminente». Pourtant, la raison essentielle, «avancée», pour le déclenchement de cette guerre, était la possession d'armes de destruction massive par Saddam. De son côté, le ministre irakien de l'Information, Mohammad Saïd Al-Sahhaf, a démenti la prise du principal palais, appelant à «ne pas croire» ce que disent les Américains sur les combats dans la capitale. Il a assuré qu'il n'y avait «pas un soldat américain à Bagdad» et que les forces irakiennes avaient infligé aux Américains «une leçon que l'Histoire n'oubliera jamais». L'Irak a affirmé avoir abattu hier, deux avions de combat américains, un A-10 ou «tueur de chars» et un chasseur-bombardier F-15 dans la région de Bagdad. Deux soldats américains et deux journalistes ont été tués hier, dans une attaque à la roquette sur une position militaire américaine au sud de Bagdad, a indiqué un commandant des forces américaines. Il a ajouté qu'au moins six soldats américains ont été blessés et six autres sont portés disparus. Le bilan des victimes civiles s'est alourdi encore hier. Quatorze civils ont péri dans l'explosion provoquée par la chute d'une bombe larguée par un chasseur bombardier sur le centre de Bagdad. Par ailleurs, les Irakiens ont fait exploser deux ponts à l'est de la capitale pour tenter d'en retarder l'invasion par les troupes de la coalition américano-britannique, a reconnu un général américain. Ailleurs dans le pays, les troupes américaines sont parvenues à prendre le contrôle de la ville de Kerbala (80 km au sud-ouest de Bagdad), au terme de 48 heures de «violents combats» qui ont fait quelque 400 tués dans les rangs des paramilitaires irakiens, selon un porte-parole américain. Au Nord, des bombardements de l'aviation américano-britannique ont visé hier matin, la ville de Mossoul et ses abords.