Selon des sources irakiennes, les bombardement alliés ont fait 77 morts et 366 blessés parmi les civils. La résistance de l'armée irakienne continue en dépit des assauts, aériens et terrestres, des forces alliées. Aucune ville n'a été complètement prise, face à une résistance inattendue, le gros des forces américano-britanniques a préféré, pour pousuivre sa progression vers Bagdad, contourner les villes où les forces irakiennes étaient susceptibles de résister. Selon la télévision qatarie Al-Jazira, deux pilotes ont été capturés par les autorités irakiennes à Bagdad. Ceux-ci se seraient éjectés après la chute de leur avion au-dessus de Bagdad et ont été retrouvés cachés dans des roseaux le long du Tigre. La chasse aux pilotes a commencé à Bagdad dans un spectacle inédit. Des dizaines d'Irakiens, militaires et civils, menaient une traque sur les rives du Tigre pour retrouver l'un d'eux. Sur le fleuve, des militaires embarqués sur quatre petits hors-bord cherchent parmi les roseaux leur hypothétique proie. D'autres hommes armés ont mis le feu aux buissons sur la rive Est, pour débusquer les pilotes. Des civils se sont même jetés dans l'eau pour participer aux recherches. La même chaîne a diffusé, hier soir, des images montrant au moins cinq militaires présentés comme des Américains, tués dans la région de Nassiriyah, dans le sud de l'Irak, ainsi que celles de trois jeunes hommes, dont un blessé, présentés comme des prisonniers. Peu auparavant, le secrétaire américain Donald Rumsfeld, la mine sombre, a déclaré que la diffusion de tels enregistrements vidéo est une violation des conventions internationales de Genève sur la protection des prisonniers de guerre. De son côté, le Pentagone a confirmé la capture par l'Irak d'une dizaine de soldats américains portés manquants dans le sud de l'Irak et a commencé à en informer leurs familles. Pour la quatrième journée consécutive, des Irakiens en armes à Oum Qasr, à la frontière irako-koweïtienne, continuaient à résister aux forces alliées. Les combats à l'artillerie faisaient rage dans la ville. Des sources au commandement central de l'opération au Qatar ont expliqué que des éléments de la Garde républicaine, rempart du régime de Saddam Hussein, avaient pris position à Oum Qasr. Prenant acte des actions de résistance irakienne, le général américain Tommy Franks, commandant en chef de l'opération «Liberté de l'Irak», a assuré qu'il ne ferait pas pénétrer ses troupes dans Bassora, deuxième ville d'Irak, dans le sud du pays. Les Américains «ne sortiront qu'à l'état de cadavres» de Nassiriyah, a menacé hier, à Bagdad le ministre irakien de l'Information, Mohammad Saïd al-Sahhaf. Il a accusé les Américains d'avoir fait 77 morts et 366 blessés samedi parmi les civils, dans cette ville où ils auraient fait usage de bombes à fragmentation. D'après le ministre, 7 millions de militants armés du parti Baâth au pouvoir sont déployés sur tout le territoire irakien «pour combattre les hordes d'envahisseurs». Les forces américano-britanniques multiplient les accidents et continuent à perdre des hommes. Un chasseur-bombardier bi-place Tornado de la Royal Air Force, qui effectuait des missions opérationnelles dans le Golfe, a été touché, dans la nuit de samedi à dimanche, par un missile Patriot américain. Son équipage est porté disparu. Au Koweït, un soldat américain a été tué et 12 autres blessés par une grenade lancée par un GI qui a été arrêté. Le secrétaire américain à la Défense s'est toutefois félicité «d'excellents progrès» sur le terrain. Des troupes américaines ont commencé à entrer hier, dans Nassiriyah, ville stratégique du Sud irakien, où persistaient des poches de résistance, alors que des forces spéciales ont débarqué en grand nombre dans le Kurdistan irakien en vue de l'ouverture d'un front Nord. Les sources militaires américaines ont rapporté que leurs troupes se trouvaient hier, à une centaine, de kilomètres de la capitale Bagdad, à nouveau bombardée à plusieurs reprises le même jour. Des bombardements ont aussi repris, en fin d'après-midi, au nord de l'Irak, notamment sur les deux grandes villes pétrolières de Mossoul et Kirkouk. Bagdad s'endort et se réveille au rythme des bombes de l'aviation alliée et des tirs de la DCA de l'armée irakienne. A l'heure où nous mettions sous presse hier, la police militaire britannique avait évacué environ une soixantaine de journalistes de Safwan en prévision, disait-on, d'une attaque imminente des forces irakiennes. La contre-offensive semble ainsi s'organiser. Dans le même temps, vers 20 h (heure locale), des bombardements intensifs avaient repris contre la capitale irakienne. Enfin, la tension, déjà vivace, entre Washington et Moscou, est montée d'un cran, car la Russie avait été accusée quelques heures auparavant, par Donald Rumsfeld, d'avoir vendu aux Irakiens des armes mettant en danger la vie des forces coalisées. Un haut responsable militaire américain, ayant requis l'anonymat, a estimé, en effet, que des techniciens russes aidaient l'Irak à brouiller des signaux satellitaires cruciaux pour le guidage des bombes et appareils américains et britanniques. Le fabricant russe a immédiatement démenti, mais l'affaire promet encore pas mal de rebondissements pour les jours à venir.