L'association Somoud des familles des victimes enlevées par les groupes islamistes armés a proposé au président de la Commission nationale consultative de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), M.Farouk Ksentini, jeudi dernier, la mise en place d'une commission spécialisée pour le règlement de la question des disparitions forcées en Algérie. L'association Somoud préconise la constitution d'une «commission spécialisée» sur les disparus. Cette commission «est nécessaire», selon le document remis au président de la Cncppdh par le responsable de l'association Somoud et dont une copie nous a été adressée hier, car elle «nous dira qui sont les disparus et où ils sont». Pour ce faire, il faut «la disponibilité des institutions concernées à être au service de cette commission ainsi qu'une technique d'identification des ossements adéquate à la complexité du problème», peut-on lire dans le document de Somoud. M. Merabet explique que l'association a rencontré les responsables des associations des disparus en Afrique du Sud, en Argentine, au Chili, au Guatemala, en Colombie, au Rwanda et en Bosnie Herzégovine. «Des modèles différents ont été mis en oeuvre dans ces pays, mais des étapes identiques ont été respectées et des instruments parallèles ont été mis en place», explique-t-il dans son document remis à M.Ksentini. Il est relevé une «volonté politique» et un «respect de la mémoire des victimes», dénominateurs communs à ces différentes expériences. Ce qui est intéressant dans ce document, c'est qu'il parle de l'utilisation prouvée de «deux techniques d'identification des ossements par ADN (mitochondriaque et classique) et qui supposent au préalable la collecte d'échantillons de sang auprès des familles» (parents paternels et maternels) des disparus. L'association Somoud dit être en contact avec les deux organismes qui pratiquent ces techniques, basés à New York et en Bosnie, et fait part de leur disponibilité à aider à élucider des cas de disparus en Algérie. Pour l'association, la création de la commission d'identification «est différente de celle de Vérité et Justice qui peut être installée parallèlement pour obtenir la réconciliation après avoir entendu les victimes et les coupables (...)». M.Merabet a également indiqué que le président de la Cncppdh l'a informé que sa commission réfléchissait justement à ce genre de structure pour élucider le cas des disparus. L'association Somoud a été créée en 1996 et est agréée par la wilaya d'Alger. Elle a recensé près de 10.000 cas de personnes enlevées par les groupes terroristes. Pour la seule wilaya d'Alger, 350 cas sont enregistrés, dont seuls 4 sont élucidés. Signalons enfin que la rencontre a fait suite à une demande d'audience déposée auprès de la présidence de la République qui a chargé la Cncppdh du suivi de ce dossier.