Une nouvelle fois, l'opérateur privé accuse AT de bloquer sciemment son expansion. Les usagers du téléphone portable utilisant le réseau Djezzy dans les wilayas de Béjaïa, Annaba et toute la région Ouest ont connu, ces derniers, jours des perturbations de service prolongées. La direction générale d'Orascom Télécom Algérie (OTA), tout en s'excusant de ces désagréments auprès de sa clientèle, les impute explicitement à ce qu'elle appelle «des coupures répétitives des liens de transmission que nous louons à Algérie Télécom réseau fixe». Ce genre de situation est devenu de l'avis des responsables d'OTA, des plus «récurrents», ces derniers temps, et les pousse à se poser «certaines questions», vu, selon eux, que ces «coupures n'affectent pas en général les services d'Algérie Télécom fixe et GSM». Au ton employé pour qualifier ces interruptions de service, il est clair que les rapports entre les deux partenaires de la téléphonie mobile en Algérie ne sont pas au beau fixe. Les dirigeants de l'opérateur privé du téléphone portable vont plus loin et révèlent, cette fois, que de «telles coupures sont quasi quotidiennes dans différentes régions depuis un an». Mais à la question de savoir pourquoi ils n'ont pas réagi, ils considèrent que «jusqu'alors nous avions privilégié une approche de partenariat et d'écoute vis-à-vis d'Algérie Télécom». En outre, à entendre ces sources, ces dysfonctionnements à la limite du domaine purement technique pouvaient passer lorsque les abonnés de Djezzy n'étaient pas nombreux, mais aujourd'hui, avec l'accroissement des parts de marché de cet opérateur, ses responsables clament ouvertement qu'il ne leur est «plus possible de taire les problèmes alors que plus de 500.000 clients sont perturbés». Ils mettent aussi sur la table des griefs retenus contre l'opérateur historique de la téléphonie mobile en Algérie ce qu'ils appellent «les retards de paiement de l'interconnexion» qui, selon eux, ne sont pas encore honorés par Algérie Télécom en dépit de multiples réclamations en ce sens. Pour dénouer toutes ces incompréhensions, les dirigeants d'OTA comptent solliciter l'arbitrage des pouvoirs publics, notamment l'Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications et le Ministère des Postes et des Technologies de l'Infor-mation et de la Communication pour tenter de trouver les solutions adéquates. Contactés pendant toute une matinée afin d'avoir leur version des faits, les responsables d'Algérie Télécom étaient difficilement joignables et une sorte de silence radio semblait prévaloir vu que les secrétaires de ces responsables nous ont répondu que ces derniers étaient constamment en réunion et donc injoignables. Dans le même temps, un responsable de l'organisme de régulation du marché des télécommunications téléphoniques (Arpt) nous a confirmé que ses services ont bel et bien reçu hier la saisine de Djezzy sur ce différend et qu'elle est à l'étude. Une doléance similaire aurait aussi été transmise aux services concernés d'Algérie Télécom. Autrement dit, à la lumière de ce qui précède, tout pousse à croire que l'environnement de partenariat entre les deux opérateurs «n'est plus possible» selon les arguments des responsables de Djezzy, qui parlent même de «concurrence déloyale» de la part d'AT pour «bloquer leur expansion» en termes de part de marché. Quant au grief relatif aux retards de paiement de l'interconnexion, il faut savoir que d'après l'Arpt, la convention en ce sens signée entre les deux parties relève du droit privé et donc le différend entre les deux parties, si différend il y a, sera de la compétence des tribunaux. Enfin, à la question de savoir quelle serait la suite au cas où l'avis qui sera donné par l'ARPT ne satisferait pas l'une ou l'autre partie, l'organisme de régulation estime que ce sera au Conseil d'Etat de trancher. Ira-t-on jusqu'à cette extrême dans cette guéguerre purement mercantile?